Brasil part 1 (Mighty Amazon & Nordeste)

27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 22:02

Bem vindos ao Brasil!

Mon passeport a peine tamponne au Venezuela, je commence la marche a travers le no man's land qui mene a la douane bresilienne. Une voiture s'arrete, un couple avec leur petite fille. Ils me demandent ou je vais, Manaus, et me disent qu'ils peuvent m'emmener a Boa Vista, deux heures et demie plus loin. Pas mal, meme pas entre dans le pays, et meme pas eu a faire de stop pour etre pris sur un trajet d'une bonne longeur. On tamponne le passeport, et on repart a travers quelques forets, mais surtout des savannes paturees jusqu'a Boa Vista. La ils m'aident a trouver un bus pour Manaus (que je finis par avoir grace a un desistement, sinon il n'y avait plus de place) et s'en vont. Nuit tranquille dans le bus, un seul controle policier, et encore c'est parce qu'on est proches du Venezuela et ils ont meme pas regarde mon passeport...

Paysage dans l'etat de Roraima, l'un des plus recules du Bresil...

Coucher de soleil sur les savannes et les marais

On arrive en retard (ce qui semble etre un must au Bresil) et je dois attendre Helso, un ami de ma soeur, qui est deja parti au boulot. Journee repos, on decouvre Manaus. La ville est situee au milieu de la foret amazonienne, a la confluence du Rio Negro et du Rio Solimoes, qui forment alors l'Amazone, qui coulera encore 1600km jusqu'a l'Ocean Atlantique. Elle a ete la plus riche du Bresil pendant le boum du caoutchouc, les familles riches en etaient a envoyer leur linge en Europe pour le faire laver, et construire des maisons en Europe aussi pour les reconstruire ici pierre par pierre. Tout ca, c'etait au debut du siecle, jusqu'a ce que les Anglais volent quelques graines pour les planter en Malaisie et fassent avec cette biopiraterie precoce tomber le monopole que la ville detenait. Restent de beaux batiments, parfois en train de tomber en ruines de maniere plutot esthetique je dois dire. Le soir, on tente un concert dans le fameux opera, mais je me fais refouler a l'entree, mes pantalons sont encore teintes des boues de Roraima et mon short ne me permet pas de passer la porte d'entree. Dommage, c'est le batiment le plus repute de la ville.

Encore 5 jours passes dans cette ville. J'aurai l'occasion de la voir plus en detail, grace a Helso qui est originaire d'ici et a pas mal d'anecdotes sur l'endroit. Mais aussi une journee a aller en bateau voir la confluence des eaux. Tres touristy, mais on voit quand meme bien les eaux du Rio Negro et du Rio Solimoes se cotoyer sans se meler sur des kilometres a cause de differences de densite et de vitesses de courant. L'occasion de voir un peu la foret (avec ces indigenes pour plaire au japonais), de tres gros arbres par ici. Une bonne bouffe, et puis au retour, on comprend a quoi a servi le cameraman qui nous devisageait tout du long avec son appareil, ils font un DVD de la journee qu'ils revendent au touristes. Top comme souvenir!

Des alligators dans des eaux puantes et sales au milieu de Manaus

Des decorations de Noel a foison, celle ci etait sympa, c'est une indienne qui tient Jesus

Lever de soleil depuis l'appartement d'Helso (17e etage, en haut d'une colline avec des vues imprenables sur la ville)

Le port de Manaus, plus grand port flottant du monde. Sur le mur on voit le niveau d'eau en saison humide, sacree difference!

Des GROS bateaux qui remontent l'Amazone...

Le marche au poissons de Manaus. On sert beaucoup de poisson ici (2000 especes repertoriees sur le bassin amazonien), qui est tres bon, comme presque toute la cuisine locale. J'espere juste que les peches sont a peu pres durables...

Un quartier riverain de Manaus, avec des maisons de pecheurs sur pilottis. Si l'eau monte trop, ils prennent juste leurs affaires et les montent a l'etage, laissant le rez de chausse innonde.

La ville de Manaus, vue depuis le Rio Negro

Un dauphin rose de l'Amazone (enfin une partie). On en voit pas mal dans certains endroits ainsi quúne autre espece qui est grise. Encore une autre espece de dauphin que je n'ai pas vue et des lamentins sont aussi presents dans le fleuve.

La confluence entre le Rio Negro et le Rio Solimoes en plusieurs echelles. C'est comme ca sur pres de 15 km. Les eaux se melangent petit a petit, noires et chargees de matiere organique venant du bouclier guyannais et claires et chargees de silts (la vitesse du fleuve doit etre voisine de celle de la Seine en crue a Paris, ca souleve du sediment...) venant du Sud.

Des indigenes en costumes "traditionnels". Au moins ca avait l'air de plaire aux touristes japonais...

Une belle foret avec des arbres qui en etouffent d'autres pour pousser...

Quelques nenuphares de l'espece qui possede les plus grandes feuilles du monde

Une autre journee en foret au Nord de Manaus a aller voir une zone de cascade. Ici, la foret n'a rien a voir avec ce qu'on imagine en pensant a l'Amazonie. C'est un taillis tres dense et moyennement haut (10 ou 15 m), interessant a voir. J'ai aussi fait mon premier vrai enseignement, une intervention sur la biodiversite aux etudiants d'Helso qui font du droit. Une journee devait etre consacree a la peche (dur de trouver quelqu'un pour y aller, l'eau est 10m plus bas qu'en saison des pluies et les poissons pas franchement au rendez vous), leve a 3 h du matin pour trouver un mot me disant l'annulation de la partie. La personne avec qui je devais y aller est avocat, et un de ses clients a ete assassine le jour avant, et il n'a pas pu prendre sa journee pour pecher au dernier moment. Une competition sportive avec Helso, ou je suis vite devenu le gringo de service avec lequel on prend les photos et on discute un peu (les bresiliens sont tres sympas et tres avenants).

Le fruit du Guarana (oeil d'indien), une plante originaire d'Amazonas

Un fruit (complexe) de cajou. La partie charnue est bonne, et il faut griller le bout pour faire la noix, sinon c'est tres toxique. Le Bresil est le royaume du fruit, je n'en ai jamais vu autant et d'une diversite pareille qu'ici...

Petite cascade dans la foret, sympa pour se baigner et pecher un peu (des poissons jolis qui doivent avoir une pheromone d'alerte, plus moyen d'en prendre un seul apres en avoir loupe un...)

Des beaux sols forestiers avec des grenouilles qui chantent, mais ici comme ailleurs impossible de les trouver...

La foret ici ne correspond pas vraiment a l'idee qu'on se fait d'une foret primaire...

Cascade (plus grande), toujours dans la foret.

Jolis motifs de mousse dans une eau tres noire.

Une soiree dans une boite a forro (une musique traditionnelle d'ici qui a ete modernisee). Talons tres hauts de mise pour les filles, et on assume ses formes quelles qu'elles soient. Pour les mecs, mieux vaut savoir danser (pas mon cas), sinon la gente feminine fuira rapidement. L'occasion aussi de me faire payer une cachaca par le goernador d'Amazonas (un peu comme si j'allais en Poitou Charentes et que Segolene Royal me payait un peu de pinau). Et puis un anniversaire dement pour des gamines de 3 et 5 ans. A peu pres autant de monde qu'a un marriage en France, avec une decoration folle (le theme etait Antarctique), des ours, pingouins et autres en peluches, une similibanquise, de 1500 a 2000 balons baudruches bleus et blancs, et beaucoup beaucoup de confiseries. En bas un mini parc d'attraction pour les enfants. J'ai bien aime la petite fontaine symbolisant la glace qui fond au milieu de la banquise, petit clin d'oeil a l'impact carbone d'un evenement pareil... Malheureusement je n'avais plus de batterie sur mon appareil photo, je vais quand meme essayer de recuperer des photos pour les poster.

Vues sur la ville et la confluence depuis l'appart d'Helso

Helso et Sandra, merci a eux et leurs enfants pour le tres bon accueil!

Ensuite, je dis au revoir a Helso et sa famille, et a leur tres bon accueil, depart pour 5 jours et 4 nuits sur un bateau pour descendre jusqu'a Belem, quasiment au niveau de l'ocean. C'est un trajet pour lequel il y a globalement deux facons de faire. Rester dans son hamac ou seulement avec les touristes et les gens qu'on connait, ce qui mene vite a un gros ennui, d'ou beaucoup de gens qui disent que le trajet est ininteressant. Autre option, que j'ai preferee, essayer d'apprendre le Portuguais en 4 jours, ca commence avec des signes de la tete a tout les gens dans le coin, des "Tudo bom?" (moyen le plus basique de communiquer "ca va?"), et autres expressions corporelles comme un pouce leve ou un sourire. Rapidement, on parle en Portugnol (c'est tres proche de l'Espagnol le Portuguais, alors on peut comprendre et se faire comprendre dans une certaine mesure). Et ca se fini a boire des bieres et de la cachaca (ouch!) avec les locaux, et c'est aussi l'occasion de feter son anniversaire de maniere inhabituelle mais plutot tranquille...

Le tout dans un contexte fabuleux, avec la foret toujours plus ou moins visible, une riviere dont la vue se finit parfois sur l'horizon (40km de large en moyenne, jusqu'a 190 a Belem, avec des iles en general, mais parfois, on voit loin, tres loin. Quelques autres infos sur le fleuve, c'est le plus long du monde, ou le second apres le Nil selon les estimations (6000km), 50m de fond en moyenne, pour 17% de l'eau douce de la planete, c'est un sacre morceau!)

Le bateau est aussi l'occasion de voir la culture bresilienne. A commencer par la musique, projettee sur un ecran de tele a longueur de journee. Les Bresiliens sont fans de leurs groupes (on voit tres peu de musique etrangere ici), et en passent des DVD absolument partout. Malheureusement, autant j'apprecie la musique vraiment traditionnelle, autant ses modernisations sont plutot agressives pour les oreilles et les yeux. Au sommet de tout ca, le tecnobrega, modernisation de la musique de Belem avec un rythme identique pour tout les morceaux une melodie electronique affreuse et une chanteuse avec une ribambelle de danceuses tres denudees sur une scene. En face, des milliers de fans qui chantent en coeur. Un peu effrayant quand meme...

Coucher de soleil sur l'Amazone

Petit port ou on s'arrete pour deposer quelques personnes et en recuperer d'autres. Une ville de production d'aluminium ici parait il, le Bresil est riche en ressources minieres.

Des hammacs de toutes les couleurs, il devait y avoir 200 ou 300 personnes sur le bateau, c'est plutot serre...

Session peche a un arret. Deux micro poissons pris et un couteau qui a fini a l'eau, mais au moins j'aurai peche l'Amazone...

Usine sur le bord de l'eau. Aucune idee de la production par contre.

Des indiens qui beneficient des sacs de nourriture et des tshirts lances depuis le bateau. Ca fait un peu zoo quand meme...

Tantot dans des chenaux de 100m de large, tantot sur un fleuve dont la rive est sous l'horizon...

Des echanges commerciaux intenses passent sur le fleuve.

Ambiance en journee, on se repose dans son hammac, on discute, on joue aux dominos, on regarde la tele, on boit des bieres, et bien d'autres choses encore...

Belem, enfin!

Arrivee a Belem, on part directement au terminal de bus avec Francesca, une Italienne sympa, avec l'aide bienvenue de Marco un Bresilien tout aussi sympa du bateau. On prend le premier bus pour Sao Luis, 12h de route sans encombre (mais un peu de retard). On rencontre a l'arrivee un groupe de volontaires internationaux avec lesquels je vais passer les deux jours suivants. Visite de Sao Luis, une jolie ville coloniale, et ensuite on part pour Barrerihnas ou on arrive tard.

Non, on n'est pas dans les plaines proches de Fontainebleau, mais dans les marais proches de Sao Luis (le palmier trahit)

Les rues de Sao Luis, des couleurs, des mosaiques et une ambiance sympa pour la capitale bresilienne du reggae.

Une courte nuit plus tard, on part chercher une agence pour aller voir le parc de Lencois Marinhenses, une vaste etendue de dunes et d'eau (pas beaucoup en ce moment, la saison seche a tout evapore). C'est tres beau et ca fait vraiment du bien de sortir un peu apres 6 jours sans s'approcher de la nature. Ensuite retour au depart, ou on prend un jeep pour aller a Paulina Neves.Le trajet est recommande par le Lonely planet comme le meilleur trajet au Bresil, et effectivement il vaut le detour. On commence par traverser quelques kilometres d'une sorte de foret buissonnante, et on sort alors dans un decor grandiose de dunes. Quelques terrains de foot (parfois 3 de taille differentes, avec des buts faits en troncs de palmiers) au milieu de nulle part, je commence vraiment a croire ce qu'ils disent, le foot est une religion ici. A Paulina Neves, on s'arrete dans une pousada tres agreable avec des manguiers, cocotiers et cajoux dans le jardin et avec un acces sur la riviere. Chambres separees pour les filles et les garcons, la tenante est evangeliste (le pays est en train de subir un assaut assez effrayant de leur part, et on en voit beaucoup, mais pas de soucis ils restent tres gentils comme la plupart des bresiliens).

Plages en bord de riviere a Barrerinhas

Traversee sur un bac pour atteindre les dunes

On traverse une etendue de vegetation basse (en general impenetrable), surtout faite de cajoux.

On arrive a la bordure du parc, les 4x4 s'arretent ici (heureusement, certains se vendent comme ecotourisme, faudra revoir ca il me semble au vu des degats faits sur les chemins pour arriver ici).

Une grande etendue de dunes de sable blanc, 35 km comme ca jusqu'a l'ocean

Au fond d'une cuvette assechee

Paysages de Lencois, un point d'eau etait encore rempli

On est en debut de saison des pluies, c'est la periode de floraison

La vegetation pousse quand c'est asseche

Point d'eau a traverser au retour, un ecosysteme bien different

Trajet vers Paulina Neves, on arrive dans les dunes.

Une maison au milieu de tout ca, dont est sortie une jeune fille tout a fait normale. Pas que des vieux et des indigenes qui vivent dans des endroits comme celui ci.

Un peu de betail croise le long du chemin. Quelques oiseaux aussi, dont un couple de chouettes troglaudites, pas franchement derangees par le 4x4 passant a 5m de leur trou.

L'arriere de la pousada a Paulina Neves

Coucher de soleil sur la riviere.

Lever a 4h30 le lendemain matin. Un peu difficile, un parton de bar a decide de nous offrir de la cachaca maison, encore plus fourbe que celles que j'ai goutees auparavant. Un bus jusqu'a Parnaiba ou j'arrive a 8h30 plein d'espoir pour trouver un bus pour Fortaleza. Rate, la seule agence dans le terminal qui y va ne part pas avant 18h15... Je tente du stop dans une station essence, trouves quelqu'un pour me deposer plus loin quand arrivent deux personnes qui me proposent de m'emmener dans un endroit ou je pourrai prendre un bus pour Fortaleza. Fatigue et incapable de reflechir rapidement, j'accepte et achete le billet de bus dans la lancee. Mais le bus n'arrivera pas avant 22h, trop tard pour prendre un bus de nuit pour plus loin. J'y reflechis, on en parle dans la rue et une personne dit qu'une autre compagnie peut m'y emmener avant. On "annule" le billet (en fait il est perdu, je n'avais pas compris qu'il fallait que je prenne le meme bus dans les 30 jours, decidemment le Bresil me coute cher...) et on va dans un terminal particulier ou enfin, apres deux heures d'attente on part pour Fortaleza. Arrivee en retard, pour changer, tres tendu pour trouver un bus de nuit a cette heure la (20h30). Je trouve quand meme un bus pour Natal, qu'on me vend pour 15 euros de plus que le tarif des autres agences, avec un petit surplus pour la premiere classe, que je n'ai pas demandee. C'est ca d'etre un gringo, mais au moins j'ai tres bien dormi.
Arrivee a 5h45, je trouve un bus pour Recife moins d'une demi heure plus tard, puis de la un pour Maceio, mon terminus, encore une fois tres rapidement. On arrive bien en retard encore, il y avait des debris en feu qui nous ont bloques sur la route. Le chauffeur m'a dit qu'on arriverait a l'heure pourtant (je voulais savoir si il fallait que je previenne ma soeur d'un retard). Les latinos ont tendance a dire ce qu'ils pensent qu'on veut entendre et pas toujours la verite... 18h le 23 decembre, apres plus de 36h de voyage sans pause, j'arrive enfin a Maceio.

Champs de canne a sucre brulee, pas tres loin de Natal.

Champs de canne a sucre verte, ca ressemble pas mal au mais vers chez nous de loin...

Sommet de colline en granite, avec des jolies formes d'erosion. A l'interieur des terres depuis Recife.

Patures et collines, bientot arrive a Maceio!

Depuis 4 jours, c'est repos a Maceio avec ma soeur Emilie, son copain Lenon (pour ceux qui connaissent), et toute la famille qui m'ont tres bien accueilli dans une maison a 20m d'une plage. La region presente parmis les plus belles plages du pays (et du monde). Il y a donc un centre ville cotier digne d'une station balneaire de Floride. A cote de ca, l'etat d'Alagoas (dont Maceio est la capitale) est le plus pauvre du Bresil, s'en suivent donc tout un tas de consequences, criminalite tres elevee, analphabetisme, mortalite infantile, et toute un ribambelle de problemes qui y sont lies (tout ca force un peu le repose, on ne peut pas du tout aller se ballader a pied n'importe ou sans danger dans le coin). D'un cote les quartiers developpes presentent des IDH de pays developpes, et les favellas a quelques centaines de metres des IDH semblables a celui du Burkina Fasso. Encore beaucoup de contrastes. Noel a ete fete en famille, on fait un repas qui finit tard le soir du 24, et ensuite on passe le 25 a la plage, par 35 degres... Bien different de ce que je connais en France.