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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 12:02

On remonte dans le bus direction le côté estonien de la frontière (il ne restait que des bus pour Tallinn depuis Moscou quand j''ai regardé les billets pour les pays baltes, ce qui a forcé mon choix).  Je passe sans problème, et jubile un peu, même pas de tampon dans le passeport, j'en suis enfin libéré après avoir été obligé de le bichonner pendant plus de dix mois. Ensuite, on repart au travers de forêts plates, un peu de champs cultivés, et encore pas mal de sommeil (on a passé la frontière à 6h30 du matin). Un crochet pour passer dans la deuxième ville du pays et puis rapidement on arrive à Tallinn. La ville n'est pas très grande, 400 000 habitants seulement, mais concentre un tiers de la population du pays. J'hésite à l'arrivée à aller poser mes affaires chez Martin, un couchsurfer qui m'a laissé ses clés disponibles, et prends un premier bus pour le centre. Un euro soixante par bus (en fait le tarif de bord, seulement un euro en boutique, et puis oui, l'Estonie est passée à l'euro cette année, plutôt pratique quand on n'a pas l'intention de rester longtemps dans un pays), ça me décide en tout cas à ne pas me faire des multiples allez retours avant d'aller me poser. J'arrive dans le joli centre médiéval (l'un des mieux conservés d'Europe), trouve des informations touristiques dans une tente sur une place. Une visite guidée gratuite part cinq minutes plus tard, mais je ne sais pas quoi faire de mes affaires. La fille me dit que je peux les laisser dans un coin, parfait! Visite sympa des principaux monuments de la ville, des tours, des murs, des églises et des belles maisons avec des anecdotes (certaines apparemment recyclées), souvent sous domination étrangère (d'abord les danois au XIIIe sicèle, puis les suédois, les Russes, un court moment d'indépendance entre deux guerres et puis à nouveau les Russes jusqu'à l'effondrement du bloc communiste). Je découvre aussi un pays où il ne reste pas grand chose des années soviétiques, et qui est résolument ancré dans l'Europe du nord autant par la culture (en particulier du travail et des affaires sociales) que par les échanges avec la Finlande qui se trouve à seulement deux heures et demie de ferry (qui met les Estoniens comme deuxième buveurs d'alcool au monde (après les Tchèques), la faute au Finlandais qui viennent acheter des caisses de vodka qui sont très bon marché par rapport à chez eux). Le passage à l'Union Européenne a fait exploser les échanges, et l'Estonie est l'un des (le?) pays avec la plus forte croissance économique des dix dernières années. Ensuite, ballade dans la ville, ses touristes et quelques beaux points de vue. Ensuite retour aux infos tourisiques, je récupère mes affaires et suis nourri par les jeunes qui sont très sympas (des sponsors leur donnents des pizzas dont ils m'ont fait profiter), et ensuite je prends un bus pour retrouver Martin dans un quartier tranquille pas loin de la mer. Discussions sympas, et puis on repart en ville boire un verre dans un bar. La visite de la ville m'en a montré pas mal, j'ai peur de ne pas avoir grand chose à voir le lendemain mais je n'aime pas rester en couchsurfing seulement un soir, finalement Martin me dit qu'il ne sera pas très disponible le jour suivant, OK je décolle le lendemain.

 

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Une tour médiévale de Tallinn, et des attractions pour touristes, la ville en voit quand même pas mal...

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La plus haute tour de la ville, d'où flotte le drapeau du pouvoir en place, en ce moment les Estoniens

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Vue sur la vieille ville depuis un point de vue.

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La plus haute église de la ville, qui pendant longtemps a été le plus haut bâtiment du monde, jusqu'à se faire rabotter par quelques coups de foudre, pour finir quand meme autour de 125m aujourd'hui.

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Les vues depuis le haut.

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La place centrale de la ville

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Une des cours, la ville est agréable en été

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Un pan de muraille d'enceinte, il y en a encore quatre km, c'est ce qu'il y a de plus gros en Europe.

 

Le jour suivant, je prends une paire de bus jusqu'à la périphérie de la ville, et je commence à faire du stop (mon seul moyen de transport pour la semaine qui vient). Je suis pris rapidement par deux jeunes, qui me conseillent d'aller sur une ile plus petite que celle que je prévoyais, et me déposent au branchement entre les deux routes, la voiture suivante décidera. Le jeune (un marathonien) qui me prendra ira en direction de Hiumaa (l'ile la plus petite), la décision sera faite comme ça. Il me dépose à 30km du ferry, rapidement un jeune militaire me prend. Il est sympa et me propose rapidement de rester chez lui (je lui ai parlé de l'hospitalité russe, peut etre veut il prouver quelque chose), on arrive dans sa ville, pas grand chose à voir d'après lui (en fait j'apprendrai qu'il y avait quelques monuments censés être assez jolis), j'ai trop envie d'aller voir la nature (et la mer) sur les iles. Je lui dis que je passerai éventuellement au retour (lui me recommande une autre ile encore plus petite), et il me propose de me déposer au ferry. Ca marche. Il me demande si j'ai déjà été en Allemagne. Oui. J'ai aimé? Oui, mais il faudrait que j'y passe un peu plus de temps pour voir. Et il y a encore des nazis là bas? Non, pas de soucis, c'est plus un problème... Et là il m'explique que pour lui ce n'est pas un problème, qu'il est nationaliste et que pour lui tous les peuples devraient etre nationalistes. Je peux d'ailleurs lire des choses qui me convaincraient sur la prospérité de l'Allemagne Nazi. Il faut éviter les mélanges, et puis surtout ces musulmans qui viennent nous voler le travail. Ouch, j'essaie de glisser deux ou trois idées, mais il est rigide quand ça vient, je n'insiste pas plus (et je ne suis pas là pour juger, surtout de quelqu'un qui a été très gentil avec moi jusque là, comme quoi le manichéisme ne marche jamais quand on a affaire à des gens). À la question si il a voyagé, ben pas vraiment... Forcément, facile de se fermer aux autres quand on vit dans un micro pays et qu'on n'en sort pas. Il me prouve tout de même l'une des choses qu'il m'a dites, tous les nationalistes ne sont pas des skinheads violents (quelques jours avant les attentats de Norvège). Il me dépose au ferry, on mange un morceau ensemble (une des des dernières questions, si je suis seulement français, non moitié américain, ah tiens, en parlant de mélange...), et il s'en va, pas d'échange de numéro de téléphone. Expérience bizarre s'il en est, j'attends le ferry et décide d'aller sur Himaa, d'où je pourrai faire une boucle par Sareemaa (l'île plus grosse) pour revenir à la terre ferme. Rapidement on arrive sur l'île après avoir traversé une mer fermée par des îles sur la Baltique, qui est encore moins saléé (5 à 6 pour mille, contre 35 dans les eaux océaniques), qui forme donc un écosystème un peu particulier avec pas mal d'espèces d'eau douce et d'autres de mer. Mon appareil photo en profite pour me lacher et refuser de démarrer (et de trois!), il ne me reste plus que mon téléphone pour quelques souvenirs à faire partager entre qutre sur le blog (en gros il n'y en aura plus beaucoup à partir d'ici). Des hongrois rencontrés avant d'embarquer m'emmènent plus loin sur l'île. Je fais des courses dans le village, et pars en direction de la mer. Je pensais trouver une plage, mais c'est en fait des marais côtiers qui s'offrent à moi. Je repars en faisant un gros détour, mets les pouce un moment avant d'être pris par une dame gentille mais pas très parlante. Elle me propose de m'emmener jusqu'au ferry pour Sareemaa, OK. Je pensais que le dernier serait déjà parti, mais il attend pour partir. La plage est battue par le vent, je décide de le prendre pour aller passer la nuit sur l'autre île, en espérant être à l'abris (ça a marché). Je me pose pour la soirée, tranquille, je dérangerai juste un beau cerf dans sa baignade.

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Embarquement pour Hiumaa sur un ferry énorme.

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On traverse la mer. C'était la première fois que j'en voyais depuis le Chili.

 

Je me lève et plie le tarp, pour partir avant l'arrivée du premier ferry. Je suis presque à un croisement quand ses voitures arrivent, et par chance une des dernières me prend. Un homme estonien sympa qui a une entreprise qui fait du conditionnement de crevettes canadiennes en Ukraine, et a une petite branche sur Sareemaa. Il me dépose à un croisement, et je pars à pied (personne ne me prendra sur 3km), jusqu'à l'une des attractions de l'île qui m'intéressait le plus, le cratère météoritique de Kali. Un beau trou dans le sol d'une centaine de mètres de diamètre, vingt mètres de fond, l'impact a eu lieu entre 3 et 7000 ans (peut etre déjà des hommes dans le coin, en tout cas le site était sacré pour certaines civilisations précoces du coin qui on construit un mur autour et un site sacrificiel), et l'astroblème devait faire une dizaine de tonnes pour environ 3m de diamètre. Ensuite je suis reparti sur la capitale de l'île, Kuresaare, grâce à des touristes finois, un tour à la plage, un tour au château et puis je repars. Une heures d'attente pour avoir une première voiture qui me prendra sur 50km (les îles estonniennes sont grosses, il restait encore trente km jusqu'au ferry). Une demi heure d'attente, et puis encore une voiture, presque jusqu'au bout. des gens sympas à chaque fois, mais pas très parlant. J'attends un petit moment, et puis vient quelqu'un à la station essence, je vais le voir et il me prend sans problème. C'est un médecin qui vient du coin et rentre chez lui sur la terre ferme. On prend le ferry ensemble (l'occasion de me payer un café pour rien, pensant que c'était la bière sombre que l'île produit, mais si j'avais réfléchit un petit peu plus j'aurais pu savoir qu'avec un nom tel que Kohv, je ne risquais pas trop d'avoir autre chose). Ensuite, il m'emmene encore sur un bon bout (beaucoup de chance d'etre tombé sur lui, j'aurais eu à affronter des petites routes le lendemain) et me dépose à 30 km de la fontière lettone. Il fait encore jour, je tente d'aller plus loin, mais finis par renoncer pour aller dormir dans un bois près de la route.

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Paysage typique d'Estonie, des céréales et de la forêt (qui couvre une part énorme du territoire, dommage je n'ai pas eu l'occasion d'explorer plus).

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Le cratère de Kali


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Le chateau de Kuresaare

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Vue sur la baie depuis les ramparts

 

Je me lève à 5h30, je replie mes affaires et repars mettre le pouce au bord de la route. J'attends un peu, et commence à bouger un peu pour me rendre compte d'une aire de repos 2km plus loin. J'y vais, deux camions sont arrêtés. Le chauffeur de l'un deux monte dans le sien quand je l'interpèle, il veut bien me prendre jusqu'à Riga en Lettonie. Je monte et rapidement on sort du pays.

On entre en Lettonie (Latvia), une première fois pour nous deux. Le routier qui m'a pris travaille souvent en Scandinavie, et meme en France et Espagne mais n'est jamais venu dans ce pays qui est à 100km de chez lui... Il m'impressionne d'ailleurs, d'après lui son anglais est médiocre, mais pour moi c'est bien 4 langues qu'ils parle (Estonien, Finois, Russe et Anglais), on n'est pas près de voir ça chez nous. Il me dépose à un rond point de l'autre côté de Riga, je marche jusqu'à la route qui m'intéresse et suis pris immédiatement par un jeune artificier dans des carrières. Il est sympa, skieur extrème il s'est cassé le dos en Autriche l'hiver dernier, mais pas de soucis, il sera sur les hors piste l'hiver prochain. Il me dépose 30km plus loin, juste après un endroit de circulation alternée. Pas terrible pour attendre, des trains de voitures toutes les 5 minutes, mais jamais personne ne prend. Je tente à la station essence voisine, encore moins bon. Je reviens au bord de route et suis pris par un vieux masson au prochain train de voiture. Il me dépose dans la ville avant la frontière, je marche un peu, vois une station essence, vais parler à un jeune qui accepte de me prendre (il m'avait déjà vu au bord de la route). Il fait des affaires dans le bois et ne comprend pas trop ma prochaine destination, une forêt en Pologne. Lui ne fait que les exploiter. Il ne comprend pas trop mon voyage non plus, je n'aurais pas eu meilleur temps d'investir autant d'argent dans autre chose? Certainement pas après ce que j'ai vécu... On passe la frontière ensemble.

Il me dépose 80km plus loin, en Littuanie, dans une station essence du mauvais côté de la route. Pas terrible, surtout qu'un couple est déjà là à faire du stop et ils on l'air de galérer (en plus ça rajoute de la compétition). Je vais parler, ne trouve personne pendant un petit moment. Le couple s'en va à pied. Je vois un petit camion immatriculé en Pologne arriver dans la bonne direction. Je parle au chauffeur (un petit vieux moustachu et sympa) en Anglais, avec quelques mots russes. Il ne réagit pas beaucoup, va payer et me fait signe de monter quand il revient. Ouf, bientôt la Pologne. On "discute" un peu pendant le trajet, et puis on passe un vieux poste frontière désaffecté.

Les routes polonaises ne sont pas très bonnes, leur réputation les avait précédées. Elles ne sont pas si mauvaises non plus, leur problème principal c'est que le traffic y est énorme. Un peu comme si on mettait le débit routier d'une autoroute sur une nationale à deux voies. Pas trop de problèmes cependant sur cette route ci, on arrive à une première ville où il s'arrête pour de l'essence et pour se reposer un peu surtout (il a fait un sacré bout de chemin ce jour là et conduit quasiment sans pause depuis l'Estonie d'après ce que j'ai compris). Il en profite pour m'acheter un hot dog, décidémment j'ai eu de la chance de tomber sur lui. On continue un peu et il me dépose à Augustow, une ville proche de lacs dans le nord est du pays. Il est 14h30, j'ai fait une bonne progression. Un peu dur de comprendre comment accéder aux lacs, je finis par tenter du stop un moment pour aller plus loin. Une demi heure sans rien, et puis une fille arrive 100m devant moi et est prise en deux minutes. J'attends encore un peu, dégoûté et puis laisse tomber, je vais aller au lac proche de la ville. Une bonne galère pour trouver un endroit public pas trop loin, je finis par y arriver mais il y a du monde. Je me baigne un peu, et puis ensuite je me pose tranquille. Un premier orage menace puis repart. En vient un autre, qui frappe, les gens s'en vont et moi je me protège sous le tarp. Un peu de beau encore avant la nuit et puis un nouvel orage. Pas inquiété par la pluie qui tombe fort, je dors bien.

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Mon lieu de camping sur un des lacs d'Augustow

 

Le jour suivant, je profite encore du bord de lac dans la matinée, et puis je marche vers le centre un bon moment. Je me pose pour une glace et puis pars. Je trouve une station essence le long de la route qui part vers le Sud. Un jeune qui travaille dedans me demande rapidement ce que je fais et puis m'aide en demandant aux gens en Polonais. La plupart du traffic est local, pas beaucoup de succès pendant la première demi heure. Et puis aussi des gens riches dans leurs grosses voitures qui même si ils allaient par là ne me prendraient pas par principe pour des raisons de sécurité. Comme si j'allais m'exposer aux caméras de videosurveillance d'une station service si j'avais de mauvaises intentions, et de toute façon on a vraiment perdu quelque chose dans notre hospitalité avec tous nos biens et notre richesse, on n'a même plus le plaisir d'en offrir à quelqu'un d'inconnu. Un petit camion vient, je demande à l'homme qui parle un peu anglais, et qui a l'air de refuser. Le jeune lui demande à son tour, effectivement il ne veut pas m'emmener. Et puis il change d'avis, va payer, et ressort avec un grand sourire et deux bouteilles de jus d'orange, dont une pour moi... Il s'appelle Piotr et est fleuriste à Bialystok, la grosse ville dans la direction delaquelle je vais. On discute un peu, il est très sympa. Arrivés à la ville, je lui dis de me déposer où ça l'arrange. Il m'emmène faire un tour au centre pour me montrer sa ville, et ensuite on continue vers le Sud, il me dépose à la station service la plus arrangeante pour partir encore plus au Sud. Il entre dedans, y reste un petit moment, et ressort avec un hot dog et une boisson qu'il me donne, et puis il a aussi demandé à l'employée de m'aider à trouver un véhicule dans ma direction. Au revoir, et merci surtout! Il s'en va, une voiture et garée devant moi, le conducteur assis devant avec la portière ouverte. Je lui dis que je vais à Bialowieza, lui va à 20km et veut bien m'emmener. Pas mal, sachant que ce n'est pas sur la direction principale. Sa femme revient (elle enceinte à point, le bébé n'a pas du sortir plus que deux ou trois jours après), et on peut communiquer un peu plus parce qu'elle parle un peu anglais. Le trajet se fait tranquillement, et ils me déposent au bout de leur ville. Pas beaucoup de voitures passent en direction de Bialowieza, il faut dire que c'est un cul de sac à la frontière Bielo Russe, seuls les touristes y vont. Il finit par y avoir quelqu'un qui s'arrête, ouf j'entendais l'orage se rappocher. On fait 500m et il est arrêté par la police, un PV pour excès de vitesse et on repart (j'aime à croire qu'il allait moins vite grace à l'arrêt qu'il a fait pour moi et qu'il a du payer moins comme ça). On traverse de la belle forêt, et on arrive dans le village de Bialowieza (qui se dit Bialovieja), la tempete commence (elle a déraciné pas mal d'arbres), et on se réfugie chez sa mère. Je rencontre une vieille dans une cuisine simple, et très rapidement je me vois offrir un bol de soupe et une sorte de terrine dans une feuille de choux, avec des framboises en dessert. Les gens du nord est du pays sont réputés pour leur hospitalité et je n'ai pas été déçu. Ils me demandent où je compte dormir, je ne sais pas, un camping sans doute. Quand ça se calme dehors, ils m'emmènent au camping voisin et me négocient une chambre, et ensuite au revoir. Soirée tranquille et longue nuit de sommeil (ça fait du bien de revenir à des jours qui ne sont pas trop longs).

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La maison danslaquelle j'ai été accueilli le temps d'une tempête, la plus classe du village avec ses cigognes sur la cheminée (il y en a partout dans le coin)

 

Petite présentation du lieu. Bialowieza est le village qui se situe du côté polonais d'un parc forestier unique en Europe. Ici, et du côté bielorusse, on trouve les dernières étendues de forêts primordiales d'Europe, les autres ayant été pour la plupart coupés pour l'agriculture, ou encore gérés pour l'exploitation de bois, et n'ayant plus leur caractère naturel. Le site a été protégé dès le XIVe siècle comme site de chasse royal (la peine de mort à qui osait y braconner), et on y trouvait du gibier particulièrement intéressant, le bison d'Europe (un peu plus gros que le bison américain). Les 700 derniers bisons ont été tués entre 1915 et 1919, et ensuite des efforts de reproduction en captivité ont permis d'en relacher ici et dans certaines autres forêts, ici il y en a environ 500. C'est un gros centre de recherche en écologie, raison pourlaquelle je connaissais l'endroit et tenais à y venir si je faisais un tour en Pologne. Le jour suivant, je prends des renseignements au point d'informations (où je rencontre Anna qui m'aide très gentiment) pour faire un tour dans la zone de protection stricte, finis par trouver un guide qui veux bien m'emmener tôt le dimanche matin (le jour où je dois partir). Je trouve un autre touriste pour y aller avec moi, et on fixe le rendez vous. Ensuite je vais voir le musée du parc (rien de fou, ça montre quelques particularités de la forêt). Ensuite je tente d'aller faire un tour aux centres de recherche, plutôt déserts, c'est la saison de terrain et on me fait bien comprendre que j'aurais du les contacter à l'avance si j'avais voulu pouvoir voir quoi que ce soit. Un peu difficile pour moi de prévoir mon arrivée toutefois, pas facile quand on fait du stop. Je repars bredouille donc, mais vu l'intéret de l'endroit en dehors de sa forêt, hors de question de venir y faire une thèse... Je retourne au point info pour une question quelconque, et Anna a presque fini et me propose un tour en forêt après. OK, on y va, on tente de voir des bisons dans une clairière mais ils ne sont pas là. Je découvre aussi une forêt très humide avec de la terre bien noire.

 

 

Le jour suivant, je pars affronter le crachin qui durera toute la journée. Je marche jusqu'à ce que je pense être un centre de reproduction de bisons, en fait une sorte de zoo où quelques bêtes sont exhibées en plus de cerfs, élans, sangliers et autres habitants de la forêt (je ne verrai que quelques cerfs à l'état sauvage). Ensuite un long tour, pour voir des chênes centenaires, et puis plus de forêt. Un musée des maisons traditionnelles aussi.

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Des bisons européens, au zoo faute d'en avoir vu ailleurs

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Un gros chêne, pas solitaire, il y en avait une vingtaine comme lui dans sa parcelle.

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Un moulin dans l'écomusée

 

Lever très tôt pour être au rendez vous avec le guide à 4h du matin (le soleil se lève tôt en Pologne, on est sur le même fuseau horaire que la France mais bien plus à l'Est). On entre par une barrière en chêne qui aurait inspiré celle de Jurassic Parc, et là on se retrouve dans une forêt assez clairsemée et lumineuse, mais très haute. Pas dut tout ce que les touristes s'attendent à voir en allant voir une forêt primordiale. On verra une variété de types de forêt, certains très lumineux, d'autres bien sombres avec quelques gros arbres épars (sur les 24 espèces que la forêt compte, 13 des records d'Europe sont situés ici, des milliers d'arbres seraient des monuments naturels si ils étaient ailleurs). Toujours pas de bisons, il faut y aller en hiver pour être sur de les voirs. Je repars dans mon camping, remballe tout et puis départ pour le stop, Anna arrive par hasard au même moment pour partir à un festival, et on prend le premier véhicule ensemble. Ils me déposent à la ville suivante, je marche un peu, suis pris par un jeune sur quelques kilomètres (au moins il me sort de la ville), puis par une infirmière jusqu'à la ville d'après. Là passe un petit van allemand que j'avais vu passé une première fois, et qu'on venait de doubler. Ils s'arrêtent cette fois, et je rencontre Annalina et Jacob, qui vont dans la même direction que moi. Ils viennent de passer un an à étudier dans le nord de la Suède, sont en train de descendre jusqu'en Grèce, on fera un bon bout de chemin ensemble (300 ou 400km), avec même le luxe de pouvoir s'arrêter à Lublin, une jolie ville médiévale (c'est rare de pouvoir s'arrêter pour faire du tourisme en faisant du stop, à la fois pour des questions de temps, et puis parce que ça intéresse rarement la personne qui vous a ramassé). Ensuite on descend par un chemin plus ou moins direct vers Rzeszow. Il va bientôt faire nuit avant la ville, je décide de m'arrêter là et de reprendre le lendemain. Seulement les zones rurales du sud de la Pologne sont d'une densité folle, et après avoir vu un endroit qui paraissait bon mais un peu loin (encore 20km jusqu'à la ville), je ne verrai pas un petit bois aux airs accueillants pour passer la nuit. Ils me déposent en ville, et je marche vers la sortie vers Cracovie, sachant que j'ai peu de temps pour trouver une voiture (le stop la nuit ce n'est pas le top ni pour la sécurité de l'auto stoppeur ni pour ses chances d'être pris). Je m'arrête à un feu et espère. Un jeune s'arrête et me dit qu'il peut m'emmener 10km plus loin, pas de soucis, je veux juste sortir d'ici. Il s'appelle Tadeusz et il rentre chez lui dans les villages avoisinant la ville. Il me demande où je vais dormir, un petit bois si j'en trouve un, et puis me propose de venir au moins dormir dans son jardin. D'accord. On rentre chez lui, il habite encore chez ses parents à qui il me présente et ils m'accueillent avec grand enthousiasme, plus question de camper, on prépare le canapé pour moi, et puis sa mère me sert à manger, un accueil assez fou. Je montre mon itinéraire, et puis les photos de chez moi et de ma famille. On continue à discuter avec Tadeusz, et il me laisse envoyer un mail sur son ordinateur. Quand j'ai fini, il me dit qu'il y a un problème, sa soeur est rentrée et je lui fais peur, elle ne veut pas que je dorme dans la maison. Il me propose de m'emmener (et de me payer un hôtel), je ne préfère pas, il s'excuse beaucoup, gêné par cette attitude, et je finis par dormir dans l'entrée, enfermé dehors. 

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Approche de la forêt à l'aube, les plus épicéas font plus de 50m de haut pour donner l'échelle

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Le portail d'entrée, du chene massif du début du siècle

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La forêt est une mosaique, plus lumineuse que l'idée qu'on a d'une forêt primaire

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Des champignons décomposeurs, la décomposition du bois mort est responsable de plus de la moitié de la biodiversité de la forêt

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Le réseau racinnaire d'un épicea, ça ne descend pas profond, d'où une plaque énorme quand il tombe

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Version humide de la forêt, avec beaucoup d'effet nurses des souches qui sont tombées (qui permettent à des petits de pousser).

 

Le lendemain, il me réveille juste à l'heure de partir (alors qu'on devait prendre le petit déjeuner ensemble), plus question de rentrer dans la maison, ses parents ne veulent même plus me voir. Il met un moment à démarrer sa voiture, et je me vois épié, et puis sa mère sort sur le balcon. Je tente un signe de reconnaissance, rejeté, et puis elle prend des photos de moi (sait on jamais, ça pourrait servir à la police...). Un peu triste de voir un revirement de situation pareil alors qu'on était sortis de l'anonymat l'un envers l'autre, et j'en veux plus aux médias qui colportent toutes les histoires qui se passent mal et accentuent ainsi la méfiance que les gens ont les uns envers les autres qu'à ces gens qui n'ont pas forcément eu la possibilité de juger plus loin. Tadeusz me dépose à la route principale, il reste très gentil, au revoir, et merci beaucoup, j'ai vraiment été touché par la manière dont il m'a accueilli. Un peu long avant d'avoir un premier véhicule (j'espèrais que les parents ne passeraient pas et commenceraient à paranoïer sur la raison pour laquelle j'étais encore là), et puis un jeune finit par s'arrêter avec une camionnette. Il est livreur de pain pour les super marchés, et là il commence par aller récupérer les cageots vides pour les reremplir pour les livraisons. On fait quelques super marchés avant qu'il ne me laisse à une station essence. Pas grand monde ici, et les conducteurs ne sont pas très enclins à m'aider. Quelqu'un vient et me fait comprendre qu'il faut que j'aille ailleurs. Décidemment, le sentiment de ne pas être voulu est exacerbé en ce moment. Un jeune très sympa est là avec une camionnette et un chargement de pierres tombales, je lui demande si il peut m'emmener plus loin. Seulement 20 km, c'est bon pour moi... Ensuite un bon moment avant de retrouver un véhicule, je finis par tomber sur un vendeur de voitures qui a vécu aux États Unis un moment. Un peu raciste, mais sympa par ailleurs. Il me dépose avant la prochaine ville. Je tente une station essence de l'autre côté de la route, pas un grand succès et quelqu'un me dit qu'il y en a une du bon côté 500 m plus loin. J'y vais, pour y trouve personne ou presque. Encore la moitié du chemin a faire et j'ai déjà passé 4 heures jusqu'ici, il va me falloir une bonne âme... Je tends le pouce un peu désespéré (même pas moyen de contacter mon rendez vous), de toute façon si quelqu'un s'arrête à la station essence juste derrière moi je pourrai toujours aller lui parler. Un jeune fini par s'arrêter. Il est ingénieur est travaille sur l'autoroute qu'ils sont en train de construire dans le coin (sans doute un grand coup d'air pour un pays où circule autant sur des routes si petites). Il conduit un peu comme un sauvage, et après quelques détours pour éviter les bouchons, on finit à Cracovie où il m'oriente vers mon lieu de rendez-vous. J'attends un petit moment et Alex, un copain d'enfance finit par me retrouver. Pour moi, c'est un peu la fin du voyage. Une voiture pour faire la route et pour dormir, pas besoin d'aller chercher de la compagnie en cas de solitude, c'est beaucoup trop facile. Mode voyageur off...

 

On passe deux jours à Cracovie, on découvre la vieille ville (une grande place médiévale, un chateau fort, un quartier juif (de la liste de Shindler), des bars, et des flics inflexibles présents apparemment éxprès pour mettre une amende au malheureux étranger qui boit une bière sur la place centrale (heureusement on n'avait qu'une bière sur deux)), et puis une mine de sel énorme à coté (pas de photos, mais des chambres immenses, dont des salles de conférence et de concert, un des objets que tout Polonais se devait de visiter au moins une fois dans sa vie quand le pays n'était pas indépendant).

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La place centrale de Cracovie

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Une des églises sur la place

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Dans le quartier juif

 

 

Ensuite, on part sur Aushwitz, moment d'émotion (certains touristes arrivent quand même à faire des photos de groupe avec grands sourires et pauses décontractées, vivent les vacances!). Impressionnant de voir où on peut en arriver juste en laissant faire un système... Et puis on part sur les Tatras, un parc à la frontière avec la Slovaquie. On les voit au loin pendant le coucher de soleil, c'est un massif assez impressionnant, tout est assez plat autour et dépassent seulement des grosses montagnes (calcaires surtout) très abruptes. Un joyau des Carpates, avec malheureusement la plus haute concentration de touristes de Pologne. On passe la soirée à Zakopane, ambiance de station de ski pareille qu'en France.

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Auschwitz

 

Le lendemain, on se fait une ballade sous les nuages, et puis bientot la pluie. C'est joli quand meme, mais dommage de ne pas voir les sommets sauf quand on est dessus. Soirée à Zakopane à nouveau.

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Ballade dans les tatras sous la pluie

 

Il fait toujours aussi moche, on part pour la Slovaquie. Un peu l'embrouille dans le départ, on finit par arriver dans la plaine de l'autre côté pour le temps de midi, un micro climat bien plus agréable (il fait presque beau en comparaison au côté polonais) que de l'autre côté et des champs de blé qui nous sourient. On va visiter Kezmarok, une petite ville dans le coin, avec quelques jolis restes du moyen age. Ensuite on voit les Tatras se décoiffer, on va au pied où un téléphérique pourrait nous emmener en haut... pour la modique somme de 40 euros. On part, et de toute façon ça se recouvre rapidement. Tentative de trouver un village sympa pour passer la soirée, on passe dans des villages où rien que de passer en voiture tout le monde nous dévisageait, ça ne laisse pas forcément en confiance pour laisser la voiture en parking... On en revient à se poser sur un belvédère proche de Kezmarok, et puis on se rabat sur la ville pour la soirée. Une avenance de la part des locaux qui est impressionnante après la froideur qu'on avait pu sentir sur les quelques derniers jours en Pologne.

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Le pied des tatras

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Édifices de Kezmarok

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Les Tatras, quelques nuages en moins

 

Le jour suivant, on prend les petites routes pour rejoindre la Tchèquie. Des jolies montagnes calcaires avec des belles rivières (pas loin d'être en crue), et puis une rue avec des maisons en continu sur les 15 kilomètres avant la frontière. Pas vraiment le temps de passer plus de temps dans le pays, mais il est beau et les gens chaleureux, il donne envie de repasser. 

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Nature et paysages slovaques

 

On continue par les grosses routes jusqu'à Olomouc. La ville est très jolie, pas mal d'églises et de fontaines, et en plus absolument vide en été (pas d'étudiants). On y passe la soirée, et puis la matinée le lendemain.

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Fontaine à Olomouc (il y en a des dizaines)

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Horloge astronomique sauce travailleurs communistes à l'hôtel de ville d'Olomouc

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L'orgue d'une des églises d'Olomouc, qu'on a pu voir de près grâce à un organiste très gentil qui l'a même joué pour nous...

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La cathédrale d'Olomouc

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Vues du haut d'une tour d'église à Olomouc (l'hôtel de ville sur la seconde photo)

 

Ensuite autoroute jusqu'à Prague. On découvre une ville bourrée de touristes et d'attrappe touristes, avec des prix qui ont vraisemblablement flambé ces dernières années (pas cher pour une capitale, mais bien aussi cher que pas mal de villes en France). C'est beau, mais trop bondé, s'en tire une ambiance plutôt pourrie en été, surtout pour clore un voyage. Il faudrait voir à d'autres périodes de l'année, je pense que ça pourrait etre bien plus agréable. Soirée à essayer de trouver un bon endroit qui convienne au deux protagonistes, un peu galère. 

Le jour suivant, on continue la balade. Pas trop longtemps, il faut payer pour tout (même pour beaucoup d'églises), on abrège et on décolle en début d'après midi.

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Prague

 

Traversée rapide du reste de la tchèquie, puis de l'Allemagne (des endroits que je n'y aurais pas deviné), la forêt noire et ses blocs basculés pour finir dans le bassin rhénan (très joli au coucher de soleil). On passe la frontière, 9 mois que je n'ai pas été en France, et puis on continue jusqu'à Besançon, où je laisse Alex. Je finis la route seul, et arrive à une heure de matin. La cloche sonne et réveille mes parents, qui ne m'attendaient pas avant 4 jours plus tard.

Départ le 16 septembre 2010, retour le 2 août  2011, Liesle to Liesle est fini et j'ai bien bouclé la boucle.

 

 

 

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