Je publie enfin cet article que j'ai commencé à écrire il y a plus de trois mois (juste après mon retour). La longueur du récit (j'espère ne pas vous assomer) et la quantité de photos (et j'ai du écourter...) fait que j'ai passé un temps fou à le finir. J'espère que vous en profiterez bien, et peut être un article sur le Maroc un de ces jours (sans doute quand j'y retournerai au printemps pour mon terrain de thèse).
Longtemps que je n'ai pas publié sur ce blog. Il faut dire que mon voyage liesle to liesle est fini, mais je m'y remets quand même pour pouvoir partager un peu d'autres expériences vécues depuis le retour. Ici, ça sera la traversée des Pyrénées par l'itinéraire de la Haute Route de Pyrénées (HRP), que j'ai fini il y a peu. J'essaierai de poster bientot des photos de mon séjour au Maroc ce printemps, où j'étais pour effectuer des relevés sur les forêts de cèdres dans le moyen Atlas.
Quelques mots préliminaires sur cette randonnée que j'ai finie il y a moins d'une semaine. Me sentant en léthargie pendant une bonne partie de l'année (forcément après le voyage que j'avais fait, un retour aux études et à la routine pouvait difficilement se laisser apprécier), je cherchais quelque chose pour retrouver mes sensations de voyage tant sur la beauté des endroits que sur le temps de réflexion que cela me laisserait. Mon idée s'est rapidement fixée sur la marche, et je voulais quelque chose d'assez ambitieux tant physiquement que sur la durée. M'étant aussi juré au cours de mon voyage que j'essaierait de mieux connaître des endroits pas trop éloignés de chez moi, j'ai décidé de rester en France. J'ai fini par arrêter mon choix sur la HRP pour plusieurs raisons. Disposant de deux mois de vacances pour la dernière fois avant plusieurs années, j'avais d'abord un timing ample pour faire cette traversée (qui finalement durera moins d'un mois). Ensuite je n'avais jamais de ma mémoire mis les pieds dans les Pyrénées, et habitant maintenant à Montpellier je trouvais dommage d'avoir une région si proche qui restait inconnue. Je ne savais pas non plus par où commencer mon exploration de la cordillère, alors pourquoi ne pas tout faire d'un coup (même si "tout" est alors un bien grand mot)? Enfin, l'ininéraire de la HRP est assez mythique. L'idée est de traverser les Pyrénées en restant le plus proche possible des crêtes les plus hautes, en résulte un itinéraire créé par Georges Véron (dont le topo est assez incontournable) en 41 étapes avec environ 800km de sentiers et 44000 m de dénivelée positive.
Après une préparation assez longue, je pars à l'aventure le 26 juin.
J1: Derniers préparatifs avant mon train, qui part vers 10h. Merde, je n'ai rien pour me réveiller le matin, il va falloir trouver une montre... Je décolle avec un peu d'avance, me rendant compte que je n'ai pas non plus de sifflet. Me voilà à chercher un endroit ou je pourrais trouver l'un ou l'autre des ustensiles, mais à Montpellier pas grand chose n'ouvre avant 10h... Je finis par tomber sur un magasin de course à pied à deux pas de la gare ou je trouve mon bonheur. Un premier train qui aura un quart d'heure de retard pour Toulouse, puis un deuxième qui m'aura attendu pour Bayonne, et enfin un dernier pour Hendaye, où j'arrive à 16h40. Je marche jusqu'à la plage, le temps de faire un plouf dans l'Atlantique.
17h40, et me voilà en train de faire les premiers pas qui me séparent de la Méditerranée, si proche et pourtant si loin.Je commence par traverser la ville, sans trouver de commerce pour trouver une bouteille d'eau (je n'ai qu'un litre et il fait bien chaud). Je finis par demander à des Espagnoles qui sont a une maison de vacances et elles me donnent une bouteille que je garderai finalement jusqu'au bout. A la sortie de la ville, je découvre les collines couvertes de fougères du Pays Basque, et je commence à anticiper cette marche. Une nationale et une autoroute à traverser, une montée dans les fougères et les genets et j'arrive au premier col. Une pensée se réveille en moi depuis un moment et maintenant que le vacarme des voitures est derrière moi elle se libère, ça va être bon! Je continue encore un peu et puis finis par m'arrêter au dessus du col d'Ibardin, sur une corniche d'où j'aurai à la fois la vue sur le coucher de soleil et sur la côte (on voit jusque dans les Landes). L'endroit est déjà squatté par des jeunes qui se font un barbecue, et ils m'invitent à me joindre à eux (merci!). Pas mal pour le premier jour...
La plage à Hendaye, c'est le début de l'aventure
Décor basque
Premier col et vue sur la Rhune, ça va être bon!
Coucher de soleil à côté de l'océan
Un cercle celtique à côté du site de barbecue
J2: Après une nuit à la belle, je me lève pour le lever de soleil et le spectacle vaut le coup avec toute la côté qui se déroule devant moi. Ensuite, je descends au col. L'endroit parait bien désagréable, je suis content de ne pas y passer avec les foules. Pas d'eau trouvable, je finis par en demander à des gens dans un camping car. Ensuite, je continue entre forêts et landes jusqu'au sommet de la Rhune. Un beau panorama m'y attends, et je le savoure un petit moment. Ensuite je redescends le long de la frontière espagnole jusqu'à un premier col avec une fontaine, j'en profite pour faire une pause et bien boire. Ca continue ensuite en Espagne, en forêt pendant un moment puis dans les landes pâturées par des chevaux. Je croise une petite vipère. Plus loin, assoiffé, je vais prendre de l'eau à une source qui nourrit quelques abreuvoirs, dont une paire sont occupés par des ragondins. L'un d'eux ira jusqu'à me toucher la chaussure pour rentrer paniqué dans son trou. Je dois ensuite attendre une heure pour que les pastilles purificatrices fassent leur effet, dans la montée et sous le cagnard (39°C annoncés ce jour là), ça parait long. Ensuite je redescends en forêt et trouve une vieille ferme inoccupée avec une fontaine pour faire mon bivouac. La journée a été longue (j'ai du marcher 35km avec pas mal de dénivellée) et chaude, j'ai fini par boire au moins 12L d'eau! Une nuit tranquille, malgré un orage qui gronde au loin.
Lever de soleil sur la côte basque
Des chevaux dans des landes de fougères, un petit résumé des sentiers dans le Pays basque...
Les chataîgners en fleurs, ça embaumait...
Redescente après un panorama à la Rhune
Vue en arrière sur la Rhune, on a déjà marché un bout (les premières étapes de la HRP sont longues...)
J3: Je redescends tranquillement sur Elizondo, la ville n'a pas l'air désagréable mais je ne m'y attarde pas. J'entame ensuite une longue montée, comme toujours entre forêt et landes, qui me mène à un col au dessus des Aldudes. Je croise en passant un Espagnol qui se ballade, ça fait du bien de rafraichir un peu la langue, et une paire de jeunes très chargés qui prévoient eux aussi de faire la HRP. Redescente assez raide, puis sur route et pistes jusqu'au village des Aldudes, qui est très joli. Je ravitaille un peu dans une épicerie dont la tenante est très gentille. Le temps se couvre, j'hésite à partir de crainte d'un orage, et finis par y aller tout de même. Je me retrouve rapidement dans le brouillard la bruine, et finis par m'arrêter dans un abris de chasseur (ça dégomme les palombes par ici pendant la bonne saison, je ne voudrais pas être dans le coin...), pas loin d'une bergerie où il y avait de l'eau.
Le lieu de mon second bivouac, avec une fontaine bienfaisante...
Forêts de vieux tétards dans le pays basque espagnol, témoins d'une exploitation sylvo-pastorale pas si éloignée...
La Rhune encore, elle commence à être loin (en premier plan des digitales pourpres, présentes partout dans le Pays basque)
Alpages espagnols avant la redescente sur les Aldudes
Idem, côté français
Les Aldudes, un joli petit bout de village...
J4 : Départ dans le brouillard, un bon bout sur une route peu fréquentée. Ca ne me pose pas de problème, les forêts de bouleaux sont magnifiques dans le coin, surtout dans le brouillard et avec le soleil qui perce... Je finis par monter sur une butte et dominer une mer de brouillard côté français, et un grand beau côté espagnol (ce que je reverrai pas mal de fois, les Pyrénées forment vraiment une barrière climatique). Ensuite je redescends jusqu'au col d'Iraty, au dessus de l'abbaye de Ronceval (une étape des Chemins de St Jacques). On m'annonce de l'eau pas trop loin (et on me le réitèrera), mais je dois bien mettre deux heures avant d'y arriver (je me rappellerai de me méfier du sens du temps espagnol). Ca monte un bon coup (les collines deviennent de plus en plus grosse) et je commence à croiser les premiers pélerins de la matinée. Quelques kilomètres ultra balisés et surpeuplés à contre courant des Chemins me font prendre la résolution de ne pas m'ajouter à l'autoroute. Enfin la fontaine de Rolland où je remplis mes gourdes, et je repars à flanc de montagne, avant de replonger pour un hors sentier sans encombres dans le brouillard. Je fais une pause (7h de marche sans m'arrêter un bon coup, j'aurais voulu mais je préférais avancer un maximum sous le soleil plutôt que sans visibilité). Ensuite je repars, un bout à plat pour redescendre dans une jolie vallée avec un petit pont qui passe sur un torrent plein de salamandres. Je regarde le brouillard qui oscille deux cent mètres au dessus de moi, la journée a déjà été longue et je n'ai pas vraiment le courage de retourner affronter l'humidité qui y régnera. Je m'arrête pour passer une nuit bien humide sous un gros bloc rocheux (alors que j'ai appris par la suite qu'il y avait un abris juste avant l'endroit où je me suis arrêté). Au moins elle a été bonne, j'ai raté mon réveil et dormi pas loin de 12h...
Un abris de chasse où j'ai pu passer la nuit au sec
Forêts de hêtres dans la brume
Vue côté espagnol depuis les crêtes au dessus de Roncevalles
Dernière descente de la journée, je m'arrêterai au fond de la vallée
J5: Les nuages ne se sont pas levés, je repars. Les jambes finissent trempées dans les cinq premières minutes, l'endroit n'a pas encore été pâturé cette année et l'herbe est encore bien haute... La montée va vite, je passe un col et finis dans une belle vallée verdoyante où le soleil percera bientôt. J'y reste un bon moment, avant de monter tout droit vers un col. Ensuite, un bon bout plus ou moins à flanc entre alpages et forêts et je remonte vers le sommet d'Occabe. Une vue magnifique m'y attend, j'en profite pour manger et faire sècher mes affaires (ça fait du bien d'avoir enfin les pieds au sec...). Je repars pour voir le brouillard revenir et redescends dans une belle forêt (apparemment la forêt d'Iraty est la plus grande forêt de feuillus d'Europe). Quelques myrtilles pour le plaisir, et j'arrive rapidement à une route. Remontée toujours en forêt (sur le GR10 où il y a quand même plus de monde que sur la HRP), pour me faire noyer dans le brouillard et la pluie au col d'Iraty. Je m'arrête pour ravitailler, on me dit qu'il fera très moche le lendemain alors que l'itinéraire prévoyait de monter sur le pic d'Orhy (premier 2000 en partant de l'Atlantique). Je prends une bière pour réfléchir. Pour moi pas question de faire un jour de pause, je n'arrive déjà pas à prendre des étapes sur le topo et j'aimerais bien rentrer avant début août. Je décide de prendre la variante dans la vallée, qui passe par Larrau. Je fais mes courses (pas grand chose dans l'épicerie, on sent qu'ils cherchent plutôt l'argent que de dépanner le pélerin), le plein d'eau et repars en me rendant compte que je n'ai plus ma casquette et mes lunettes de soleil. Je retourne au bar, la casquette est dessus, pas les lunettes. Je demande, un mec les retire de son cou, ils se les était déjà appropriées dans les dix minutes qui sont passées. "Faut rien laisser trainer ici" me lache-t-il. Entre la musique et l'accueil, l'endroit était somme toute assez désagréable et je repars me disant que j'ai payé une bière de trop (voire un ravitaillement). Je redescends dans la vallée tantôt par des raccourcis, tantôt par la route et dors le long du torrent au fond.
La vallée où j'ai dormi (gros bloc au milieu de la photo)
La vallée verdoyante après le col d'Errozate
Le pic d'Orry, à faire le lendemain
La forêt en descendant
Vallée qui redescend sur Larrau, le temps s'est quelque peu gâté, tant pis pour l'Orry
J6 : Encore une heure par la route jusqu'à Larrau, les nuages se font parfois bien fins et je crains d'avoir été berné par les prévisions météo. Le village est joli et dans un bel endroit (c'est vrai qu'on rate ce côté là sur la HRP, en descendant pas dans les vallées). Je m'arrête et profite de pain et viennoiseries frais à la boulangerie. Au camping, on me dit que des éclaircies sont annoncées pour l'après-midi. Je décide de repartir vers les crêtes (j'aurais pu suivre le GR10). Un bon bout de piste le long de quelques canyons à peine visibles dans la brume, puis une bonne montée pour arriver à un abris (bien équipé) à la limite du brouillard. Je commence par continuer, puis me ravise, l'endroit sera bon pour la pause de midi et voir comment évolue la situation. J'y passe trois heures à me reposer, puis le brouillard se lève à peine assez pour voir le fond de la vallée, et la cascade au dessus de l'abris. Je saisis l'occasion me disant que si ça se lève, les crêtes seront bientôt dégagées. Faux espoir, après une montée raide, je me retrouve devant une purée de poix, du vent et de la pluie. Un itinéraire balisé GR continue, mais ne sachant pas où il va je préfère ne pas le suivre (il va en fait jusqu'à Ansabère par la table des trois rois). Je redescends jusqu'à la cabane d'Ardané, où je retrouve deux couples déjà en train d'attendre une amélioration (certains ont passé la journée entière dans la cabane). On discute le reste de la soirée, en espérant que demain il fera beau... La nuit a du être bien froide dehors (ça a gelé pas très loin), et ça me convainc de faire attention pour d'autres fois à chercher des bons endroits de bivouac ou des cabanes pour éviter la situation.
Larrau et sa vallée
Ca se dégage autour de la cabane (mais ça ne sera pas long...)
J7: Je pars tôt, et sors du brouillard très rapidement. J'ai rarement été aussi content de voir sortir le soleil. J'atteins rapidement un col, et progresse à flanc pendant un moment. Mer de nuage côté français, grand beau en Espagne dès que j'ai des vues (magnifiques) d'un côté ou de l'autre. Ensuite je redescends, passe une langue de brouillard qui transgresse en rampant la frontière. Une lessive et une toilette a une fontaine avant d'arriver à la route, que je suis. J'ai besoin de ravitaillement et je ne peux pas suivre le balisage qui continue vers la table des trois rois (ce dont je n'avais de toute façon pas la certitude à l'époque, et vu le lapiez à traverser il était préférable de ne pas s'y aventurer sans certitudes). Pas trop de voitures et des belles vues, c'est long mais pas pire et rapidement j'arrive au col de la Pierre Saint Martin. Je redescends vers la station, suis un moment époustouflé par le panorama avant que mes yeux ne dévient vers les immeubles en contrebas. J'ai rarement vu pareil désastre architectural dans un endroit si joli... Je fais le tour de la station de ski déserte pour découvrir que l'épicerie n'ouvre pas avant encore dix jours. Heureusement, le ravitaillement est possible (mais sommaire) au refuge. Je repars et m'arrête manger un peu plus haut. Ensuite, je traverse un lapiez impressionnant pour arriver au pied du pic d'Anie. Redescente, je discute avec un berger et repars. Je finis par m'arrêter à Lagne. La cabane de berger est occupée par Jean-Yves, sa femme et sa petite fille. Je bivouaque à côté, et ils m'accueilleront très bien (merci!), des bonnes conversations sur la vie dans la montagne et j'aide à pousser les moutons pour la traite (3h30 matin et soir, plus le temps d'accompagner le troupeau et de faire le fromage!). Je commence à me rappeler que dans ce genre de périple, les rencontres sont bien aussi importantes que les grands espaces.
Le soleil sort, du bonheur après la journée précedante
Nuages côté français
Vue sur l'Orry
Vers l'avant, le massif calcaire de l'Anie
Le karst le long de la route avant le col de la Pierre St Martin
La station de ski de la Pierre Saint Martin, un désastre esthétique dans un cadre aussi sublime...
Le lapiez au pied de l'Anie
Premiers isards, j'en reverrai à la pêle
Les vues autour de la bergerie de Lagne, ça fait rêver quand il fait beau
J8: Départ sous le soleil, le sentier redescend des alpages puis en forêt pour continuer un moment dans la vallée. Ensuite ça remonte jusqu'au cirque d'Ansabère, pas mal de monde. Je cherche de l'eau et tombe sur un groupe avec un guide qui s'avère plutôt désagréable. Ensuite je remonte et pique nique sur la crête en face du cirque, avec une sacrée vue. Redescente vers un lac, un moment à flanc avant de remonter au col de Pau (où des militaires espagnols guêtent la frontière). Encore un peu de montée puis un bout de chemin plus ou moins sur les crêtes, pour finir par contourner le pic rouge. Je m'arrête à une cabane de berger juste avant le refuge d'Arlet. Tout semble préparé pour accueillir le berger (qui a du arriver le lendemain ou peu après), je profite donc de l'abris tant qu'il est encore disponible... Encore une grosse journée, je prends enfin du rythme et viens de faire trois assez bonnes étapes en deux jours.
Lever de soleil à Lagne
Au fond de la vallée
Le cirque d'Ansabère
J9: Départ sous les nuages, le tonnerre gronde déjà quand j'arrive à Arlet. Le sentier reste en hauteur un petit moment, quelques dernières vues sur le pic d'Anie vers l'arrière et surtout l'Ossau qui se rapproche à grands pas devant. Je commence la descente, et me fais prendre par un orage tranquille quand j'arrive en forêt, pour découvrir que ma gore tex made in Kathmandou n'est plus vraiment étanche. Un peu un échec s'il en est... Ca se calme quand même assez rapidement et je continue entre brouillard et nuages jusqu'à arriver après quelques montées descentes à l'Aspe. De là, un peu de route et un sentier pour arriver au col du Somport. Une boutique côté espagnol, avec une toute petite étagère de nourriture, je ravitaille pour quatre jours tant bien que mal. J'en profite pour pique niquer (pendant que l'appareil photo charge dedans) et discute avec des Français qui me donnent quelque fruits (une aubaine!) et me disent la météo, orage annoncé dans l'après midi. Je me dépêche pour repartir, les cumulo nimbus commencent effectivement à s'accumuler. J'arrive assez rapidement au lac des moines, ou un couple m'interpelle en espagnol, avant de passer sur l'anglais. Ils sont Écossais et sont partis à la va vite pour deux semaines de rando, en emportant beaucoup trop. Ils me proposent des barres de céréales (ça tombe bien, je n'en avais pas acheté à la boutique car trop cher). Je discute avec eux, et puis on finit par partir avec quelques gouttes qui commencent à tomber (mais ça s'arrêtera là en fait). Superbe vue depuis le col des moines, puis on redescend sur des lacs avant d'être aspirés dans le brouillard. Une jolie vallée en bas, cabane fermée, on remonte une pente bien raide. Une autre cabane occupée par son berger, mais qui n'est pas présent. Je m'arrête là, comptant lui demander ou camper. Les Écossais continuent un peu plus loin. Des gens passent et me disent qu'il n'y aura pas d'orage le soir, je sens encore l'énergie de faire les 400m de dénivellée qui me séparent du col et j'en ai marre d'attendre le berger. Un lac, un chaos rocheux et je suis assez rapidement au col avec même le brouillard qui s'est dégagé pour me laisser entrevoir les deux grosses tours qui dominent. Redescente dans le brouillard jusqu'au refuge de Pombie, ou je discute avec un couple sympa pendant le repas et dors dans un abris sous roche.
La bergerie où j'ai passé la nuit
Les hautes pyrénées m'attendent...
On va plonger dans le brouillard pour aller au Somport...
L'Ossau depuis le col des Moines
Les tours de l'Ossau se découvre un brin pour récompenser ma montée
J10: Je laisse l'Ossau à ses grondements et pars affronter la brume, que je quitte assez rapidement. Un bout dans les alpages, un bout en forêt et surtout la pluie. Un fond de vallée et elle s'intensifie, je continue et commence l'ascension qui me mènera jusqu'au col d'Arrious, un bon bout plus haut. Forêt puis alpages, je ne m'arrête quasiment pas, je suis tellement trempé que sinon le froid s'emparerait vite de moi. Arrivé au col, la vue est magnifique, je vais vers le passage d'Orteig, qui est censé être la première vraie difficulté de l'itinéraire. Ca passe sans soucis, c'est juste une corniche avec un à pic au bord, et des câbles pour (r)assurer. Ensuite, je descends vers le refuge d'Arremoulit ou je passe quelques heures à sécher et à manger. Ensuite je repars pour le col du Palas et le port du Lavedan, avec des indications précises du gardien du refuge. Passage dans des gros pierriers, mais c'est plutot bien cairné et après une dernière cheminée j'arrive au bout sans encombres. Là j'ai le sentiment joussif d'être absolument seul dans la montagne (forcément vu le temps), par contre je sais qu'un pas de travers et personne ne passera pour m'aider avant un jour ou deux... Redescente dans les névés et les pierriers, mais sans gros soucis, puis quelques lacs avant de voir le refuge de Larribet où je ne m'arrête même pas. Je continue, et passe dans un magnifique vallon, avant de descendre encore pour finir à la cabane de Doumbies. L'endroit est sombre et sent la fumée, mais au moins il est sec. On ne peut pas en dire autant du bois qu'il y avait dedans, il me faudra à peine d'aide (d'un berger qui est passé voir pourquoi la porte était ouverte) pour démarrer un feu et sécher un peu mes affaires.
Abri sous roche à côté de Pombie
Le pied de l'Ossau
Redescente dans la brume
Lac au col d'Arrious
Lumière sur le lac d'Artouste
Au dessus d'Arrémoulit
Ca monte dans le pierrier
Vallée après le port du Lavedan, ambiance brumeuse folle
Lac de Batcrabère
Jolie vallée en dessous de Larribet
J11: Longue montée dans une jolie vallée, pour finir au col de la Peyre Saint Martin. Le beau temps annoncé n'est pas au rendez vous, et je ne verrai jamais le haut des Balaïtous. Ensuite, montée par quelques pierriers jusqu'au col de Cambalès (2700 et des poussières, on commence à être assez haut...). La vallée derrière est magnifique, avec des névés, des lacs bleus, des cascades et du granite raboté par les glaciers. Je m'arrête pour manger et une toilette à un lac (où je réussis à laisser mon savon qui séchait). Ensuite la descente continue, pour finir dans une forêt d'énormes pins à crochets. C'est sans doute l'une des plus belles vallées que j'aie vues dans ma traversée. Le refuge Wallon en bas, on m'annonce une bonne météo pour finir l'après midi. Je remonte jusqu'au col d'Aratille, un bout à flanc jusqu'au col des mulets surplombé par l'impressionnant Vignemale dans une chappe de nuages (qui ne se libérera que vaguement ce soir là). Descente pour finir dans une belle vallée au pied d'un glacier, je m'arrête là au refuge des Oulettes. J'y rencontre Alexis, qui est aussi sur la HRP au même rythme que moi et que je recroiserai régulièrement.
Début de la montée du lendemain, ça se recouvrira rapidement
Des crêtes du massif des Balaïtous (qui était dans les nuages)
Depuis le col de Cambalès, une vue folle
Redescente magique dans la vallée qui mène qu refuge Wallon
Proche du refuge
Au col d'Aratille
A flanc dans la caillasse
L'imposant Vignemale, la tête dans les nuages
J12: Le Vignemale est encore plus la tête dans les nuages quand je pars le matin, et il n'en sortira pas de la journée. Une bonne montée pour arriver à la hourquette d'Ossoue, ou je commence à croiser pas mal de touristes, surtout en entamant la descente ou je les suis à la queue leu leu pour aller gravir le sommet depuis Baysellance. Le reste sera plus tranquille, jusqu'à l'arrivée au lac de . Ensuite, les sentiers passent en balcons sur des alpages avant de finir sur une descente raide pour Gavarnie. Quelques renseignements, j'hésite à me racheter une veste et fais le pari de ne pas le faire (ils annoncent du beau, et bientôt je serai dans des contrées d'influence méditerranéenne). Je fais mes courses à l'épicerie, où je peux charger mon téléphone. Quand je dis à l'épicière que je lui donnerai le reste de l'alcool à brûler (je ne veux pas m'encombrer d'un litre entier), elle demande même à sa mère d'aller voir dans leur cuisine si elles n'en ont pas une bouteille entamée... Ravitaillement prévu pour deux jours, mais j'ai eu envie de tellement de choses qu'avec à peine d'aide j'en tiendrai 6... Je mange un pique nique avec les besoins énergétiques d'une journée ou plus (je commence à manger des quantités folles et avoir des fringalles tout le temps). Ensuite je profite de la civilisation pour communiquer un peu et repars. Le cirque est vraiment magnifique, mais l'endroit est beaucoup trop densément peuplé, les montagnes me rappellent déjà. Je monte jusqu'à la cabane de Palla dans le cagnard, et en me dépêchant, ils annoncent de l'orage pour le milieu de l'après midi. Finalement, j'aurai fait encore une grosse étape (surtout sur les genoux avec toute la descente rencontrée), malgré une journée que j'espérais vouer au repos... Après une heure, je pense passer la nuit seul quand arrivent deux couples qui viennent faire une ascension le lendemain. Ils sont sympas et on discutera bien. Trois heurs plus tard débarqueront trois Espagnols pour la même raison. Pas de bol pour eux, plus de place à l'intérieur. Vraiment pas de bol, cette nuit la un orage de tous les diables se déchaînera pendant plusieurs heures et ils finiront par monter au refuge un peu plus haut (malgré notre proposition de les faire rentrer)...
Gavarnie, son cirque (et ses touristes)
Lueurs de coucher de soleil sur la brèche de Rolland et le cirque
J13: Il fait plutôt beau quand je pars le lendemain, j'atteins rapidement le premier col, pour entrer dans le cirque d'Estaubé, qui sera rapidement masqué par le brouillard dans ma resdescente. Un lac, de la route et je ne ressortirai du brouillard que dans le hameau d'Héas, charmant avec une jolie petite chapelle. J'y discute un moment avec un Belge, lui aussi sur la HRP. Il est en convalescence, une jambe lui fait mal. Il est bluffé par le poids de mon sac (comme beaucoup de gens, alors que je ne suis pas non plus minimaliste avec mes 5,5kg de matériel). Je pique nique et repars. Je retraverse les nuages dans la montée pour finir dans des jolis alpages. Un replat, un raidillon et me voilà à contempler la vue en arrière de la hourquette d'Héas, avec le Vignemale qui est enfin bien dégagé. De l'autre côté, une jolie vallée dans laquelle je m'engage pour ressortir rapidement par un petit col. La dernière partie jusqu'à mon étape commence à se faire sentir sérieusement. Le sentier est en balcons avec des petites montées/descentes, je suis crevé et j'ai les yeux rivés sur ma montre pour voir ma progression (qui est beaucoup trop lente...). J'arrive enfin au refuge de Barroude, où je suis très bien accueilli. J'en profite même pour un repas au restaurant, pas mal. Et puis j'aurai droit à du champagne, la famille d'Alexis l'a retrouvé ici et c'est bientot son anniversaire. Plutôt pas mal en rando...
Dernières vues sur la vallée de Gavarnie
La chappelle d'Héas
Le Vignemale se découvre enfin, montée jusqu'à la hourquette d'Héas
Contact de gneiss vers la Barroude
Au refuge de la Barroude
J14: Des nuages viennent du Sud aujourd'hui, je pensais peut être faire une étape par les crêtes, mais là ce n'est même pas la peine. Du coup je remonte au col de Barroude, pour replonger côté espagnol dans le brouillard. Une jolie vallée finira par se montrer en dessous, et après un bon moment j'atteins une route. Je la suis un peu et débouches sur une piste, qu'il faudra suivre un long moment. En plus le soleil est sorti, ça chauffe franchement... Après un col, quelques montées descentes dans des belles vallées avec des vues sur l'imposant massif des Posets, et je trouve une première cabane délabrée, puis une seconde en bon état mais déjà occupée. Je rencontre ainsi Enric, un Catalan qui traverse les Pyrénées par le GR11 en 17 ou 18 jours (normalement 46 étapes et 49000 de dénivelée positif). C'est la première fois qu'il fait quelque chose comme ça (à pas loin de 50 ans), et il m'a pas mal bluffé. En plus, il est en avance sur son planning et après l'arrivée à l'étape le lendemain soir il devra attendre une journée entière pour que sa femme le rejoigne. On discute (ça fait du bien de rafraichir mon espagnol) et la soirée passe vite.
Vallée en dessous de la Barroude
Edelweiss
Vue en arrière en partant
Bientot à l'hospital de Parzan
Les Posets se profilent devant
Massif des posets, magnifique
J15: On part avec Enric, on descend un peu avant de remonter tranquillement (je passe devant, mes genoux n'ont pas la forme de le suivre et il n'est pas pressé). A un embranchement de torrents, il continue sur le GR11 et moi je repars vers les crêtes. Une bonne montée plus loin, j'arrive au col d'Aigues Tortes avec une vue magnifique sur la vallée et la suite de mon périple. Je me pose un peu en dessous pour faire une pause, où Alexis me rattrappe. Une descente bien raide, puis une belle vallée, et je le retrouve pour le pique nique. On prend alors un ancien chemin de fer de mines pour continuer en balcon jusqu'au lac de Caillauas. Je compte m'arrêter là pour me reposer le reste de l'après midi, Alexis continue. Je demande la météo, on m'annonce du moche pour le lendemain, ce qui ne laissera pas vraiment traverser le col des Gourgs Blancs tranquille. Tant pis, je repars. Une belle montée entre lacs et pierriers, pour finir sur une grosse morraine et enfin de la neige (sans doute encore un glacier en dessous). La vue en haut est magnifique. On se rend compte qu'il faut redescendre et remonter jusqu'à un col entre névés et cailloux, et quand enfin on se croit vraiment sortis d'affaire, on mange la pire des descentes que j'aie eu pendant la traversée. Des gros blocs à n'en pas finir et quelques névés, et on arrive crevés au refuge du Portillon. On trinque à la moitié (on a fait 20 étapes sur 41), et la soirée se passe tranquillement. Nuit froide, j'ai mal monté le tarp et la toile mal tendue me transmet chaque courant d'air (en plus d'être à plus de 2600m d'altitude).
Vue du col d'Aigues Tortes, une bonne descente m'attend
Ancienne voie ferrée de mines
Le lac de Caillauas
Début de la moraine
Alexis arrivant qu col du pluviomètre
Au lac du Portillon
J16: Je pars un peu tard pour le col de la Litterole inférieure (censé être l'un des gros obstacles de la traversée). La montée va assez vite, une morraine et de la neige au bout, je rattrappe Olivier, croisé le soir avant et on restera ensemble pour le reste de la journée. Pas de soucis dans la descente du névé de l'autre côté, je sors le piolet au cas où mais la neige n'est pas bien dure. Ensuite, une longue descente commence, d'abord entre neige et pierriers, puis gros pierriers, et enfin un long passage le long d'un torrent. Ensuite replat bien joli vers l'Hopital de Benasque (et beaucoup de monde). On nous annonce encore du temps moche pour le soir, on fait marche arrière pour rester dans une cabane ouverte un peu avant le branchement pour la Renclusa. Pas d'orage finalement, mais la vallée est magnifique, et le repos fait du bien. Riz au bolet rouge le soir, on en a trouvé une paire dans la journée et par chance c'est l'un des champignons que je sais reconnaitre...
Lac du portillon au matin
Montée au col de la litterole
Redescente dans le névé après le col. J'ai porté un piolet pendant tout le trajet pour ce passage en particulier (ce n'était pas nécessaire)
Olivier dans les pierriers
Vallée qui redescend à l'hospital de Benasque
Le plat de l'Hospital
J17: Je pars tot, un début assez plat (avec des mauvais panneaux indicateurs) et joli, on passe à côté d'une belle rivière qui se perd dans un trou (apparemment ça donne la Garonne un peu plus loin). Ensuite, la montée commence, quelques lacs dans des replats et ça finit sur une sorte de dalle en granite avec des pierriers. Le col me parait évident, mais les cairns n'y vont pas. Je traverse des névés pour y arriver,
Lever de soleil dans la vallée où on a dormi
Vue en arrière en montant au col de Mulleres
Belles dalles de granite
Depuis le mauvais somment, le massif de la Maladeta (avec l'Aneto, le plus haut sommet de Pyrénées)
Le pic de Mulleres (celui surlequel je voulais aller)
Une belle arrête
Un lac propice pour une baignade...
Belle vallée en redescendant sur l'Hospital de Vielha
Montée au col Rius
Le lac Rius
J18: Je pars, pour contourner un premier lac (lago del Torro), une petite montée, un col avec une vue folle, une descente raide, un autre lac (Lago desierto) et une descente vers le refuge de la Restanca. Quelques montées descentes (je commence à être franchement fatigué) pour finir à un col venté mais avec une vue loin en arrière, et enfin redescente vers le lac de . Je m'arrête pour pique niquer, et entame une longue descente, pas mal de sentier au début (il y a des moyens d'éviter la piste), dans des bois et des marais assez jolis, et puis 9 km de route pour finir. Un orteil commence à me faire franchement mal à force d'être comprimé contre la chaussure dans les descentes, et je boitille presque tout le long. Enfin, j'arrive à Salardu. Ce n'est pas l'étape normale, mais pas de ravitaillements possibles sur une grosse partie de la HRP sans faire de détours. Le village est joli pour une station de ski (surtout l'église avec de très belles fresques), je fais mes courses (pas énormément de choix dans l'épicerie, mais c'est le jeu), et finis par trouver un champ où j'ai l'autorisation de dormir en contre haut. Je profite de l'endroit pour manger au restaurant (à l'auberge de jeunesse, j'aurai eu des grosses quantités, c'est ce qu'il me fallait, même après l'énorme goûter que je me suis fait en arrivant). Coucher de soleil sur la Maladeta et dodo.
Matin au Lago del Toro
Redescente vers le lago desierto
Des lys des Pyrénées
Au dessus du refuge de la Restanca
La vallée au dessus de Salardu
l'église de Salardu, des jolies fresques dedans
Coucher de soleil sur Salardu
J19: Les nuages sont bas quand je pars, et je me retrouve rapidement dedans. Je suis le chemin qui est sur ma carte, pour finir dans des alpages bien raides et sans sentier. Un chevreuil m'aboie pendant un moment (il semble protéger une biche et son petit), je continue. Ensuite de la piste, mon orteil allait mieux en partant mais il recommence à faire mal. L'étape est censée être longue (plus de 9h), ça risque de ne pas être possible. A Ulh de Garonna, je trouve un abris sommaire mais suffisant. Je n'ai marché que deux heures, mais tant pis entre la douleur et le brouillard, il vaut mieux décréter une vraie pause. Il est 9h du matin, ça laisse un bon moment pour ne pas faire grand chose. Mais ça passe vite, déjà le temps de s'occuper de mon orteil (percer l'abcès qui s'est formé en fait, je n'aurais pas cru que ça pouvait se former sans trou dans la peau). Ensuite, 4h à dormir dans la journée (j'étais un peu fatigué j'avoue), du temps à étudier l'itinéraire, et une petite balade pour découvrir la source de la Garonne et une autre à 300m, qui elle part vers la Méditerranée. Jolie ligne de partage des eaux s'il en est... Et puis je passe le temps, je n'ai pas complètement perdu mes habitudes de voyage et une journée à méditer sans rien faire, ça ne me parait pas fou.
Ull de Garonna, la source de la Garonne (pas grand chose en fait)
J20: Le brouillard se lève le matin, je continue un bout jusqu'à des départs de ski, puis j'entame une montée dans une jolie vallée tandis que le soleil perce de plus en plus. Quelques lacs en haut, je suis les indications du topo qui dit de monter Nord Est depuis le lac, ce qui mène à un col bien visible. Arrivé en haut, je me rends compte qu'il aurait en fait fallu partir plein est, tant pis. La vue est belle quand meme, et il me faut redescendre et remonter dans les pierriers d'un cirque pour retrouver mon chemin sans grand problème. Un col, une légère descente pour continuer à flanc dans un pierrier pas loin d'une heure, et je retrouve l'itinéraire normal de la HRP au col de Moredo. Pique nique et descente. Tranquille sur sentier au début (l'occasion de voir des isards galoper sur une dalle calcaire en contre haut, assez impressionnant), puis piste, puis hors sentier à pic pour redescendre et arriver à Alos d'Isil. La végétation se fait plus méridionale, et il fait bien chaud en bas (pas question de dormir ici). Le village est très pittoresque, j'y reste un moment, et puis repars. Un bout de route, puis montée d'abord dans des bois (que du bouleau, il ne devait y avoir guère que des pâturages dans le coin il y a moins de 50 ans), puis alpages. Une dernière montée raide le long d'une cascade, et j'arrive au bord d'un petit lac où je décide de passer la nuit. Des langues de nuages viennent du Nord sans m'atteindre, et rafraichissent bien l'air. Il gèlera dans la nuit (l'occasion de voir que mon sac de couchage est effectivement bon à 0° comme annoncé), un ciel étoilé fou me contemplera lors de mes sorties nocturnes, mais pas vraiment envie de m'y attarder en caleçon...
Les brumes du matin se dégagent
Vue en arrière sur les hautes Pyrénées
Redescente après le col de Moredo
Des jolies joubarbes
Alos d'Isil, un joli bout de village
Et une jolie rivière, dommage que j'avais pas les cannes...
Dernier replat avant mon bivouac
Bivouac
J21: Une première montée qui finit dans des pierriers pour arriver à un col, puis encore deux à passer rapidement. Commence alors une descente dans un paysage raboté par les glaciers avec lacs et cascades, dans des gros cirques, puis une vallée assez longue. Je continue dans des bois, et faits ma pause de mi journée au bord d'un torrent. Encore un petit bout presque à flanc pour atteindre Noarre, un joli petit hameau, désert à l'exception de... Olivier, qui finit sa pause de midi. Je ne m'attendais pas à le recroiser après ma journée de repos, mais lui aussi a fait des détours. On reprend le chemin ensemble, une longue montée dans les bois, puis quelques lacs avant d'arriver au col de Certascan. La redescente est un peu longue, mais j'arrive au bord du lac (qui a presque des allures de mer avec un bleu profond et l'écume qu'il a en surface). Ensuite je passe la soirée à côté du refuge. Olivier était resté en arrière et je ne le reverrai pas ce soir là.
Première montée
Un cordon de lacs dans des paysages polis par les glaciers à la redescente
Une cascade en remontant au lac bleu
Certascan, on croirait presque la mer...
J22: Petit bout de descente, on me siffle, c'est Olivier qui a passé la nuit en contre bas du refuge. Il me rattrape et on monte un petit bout raide jusqu'à un col. Redescente et joli bord de lac, on discute tranquillement. Ensuite une jolie vallée de laquelle on part pour monter au col d'Artigues, où on repasse en France après quelques jours en Espagne. Très belle vue en haut et on commence une longue descente dans de la caillasse puis ça continue en contre haut d'un torrent qu'on finit par rattraper. Encore un bon moment (et quelques myrtilles!), et on arrive à la route, pas mal de monde, mais on continue. Pause à Marc et on repart. Je dis au revoir à Olivier, j'espère arriver à un endroit 1200m plus haut pour passer la nuit (et il est déjà 16h). J'impose un rythme bien soutenu, passe d'abord un bon bout de forêt. Repos au niveau d'une cabane, et j'entame la suite de la montée qui est vraiment à pic sur un bon bout. Ca finit à flanc pour arriver au permier lac (du Picot). Il est vraiment dans une cuvette et il n'y a d'espace pour bivouaquer quasiment qu'au déversoir. Il y a déjà deux jeunes qui y campent, je me joins à eux et on discute un peu.
Remontée au col des artigues
Et la descente dans la caillasse
La vallée de Marc après un bon bout de montée
L'axe des lacs du picot (bivouac au premier balcon)
Un bout à flanc après une montée à pic
Coucher de soleil sur la vallée
J23: Départ du lac, petite montée avant d'arriver à un autre, puis un peu raide avec quelques cables pour arriver à un col, avec une superbe vue sur le Lauraguet et autour, je vois même Toulouse. Un vallon de pierriers et de névés, un autre col, et je redescends tranquillement sur l'étang Fourcat et son refuge. Ensuite, une légère redescente avant de remonter au milieu de quelques lacs au col des Arbeilles. Jolie vue, je descends côté andorran, entre les lacs et les touristes. Une pause à l'ombre (il fait bien chaud), et je redescends sur El Serrat un bon bout sur sentier le long de la route. Rien de bien intéressant au village, c'est fait pour les touristes qui veulent dépenser de l'argent (que des hôtels et des restaurants imposants), je repars. Montée tranquille avec pas mal de monde, puis plus tranquille dans une vallée pas très pentue. Un petit col, l'entrain que j'avais une demi heure avant pour pousser avant la nuit est parti, je m'arrête à une cabane (le pays en est bien pourvu). Elle est déjà occupée par quatre Allemands qui sont très sympas. Ils me laissent une place dedans. Et puis ils doivent redescendre plus tôt que prévu et ils partagent largement la nourriture qui leur reste (dont pas mal de choses que je n'aurais pas emmenées moi même car trop lourdes...). Merci!
Départ
Premier col (d'où on voyait Toulouse)
Lac Fourcat
Après le col des Arbeilles, descente côté andorran
Descente vers El Serrat
Coucher de soleil andorran
J24: Je pars tôt, pour passer le col des menners avec une jolie vue (et un énorme troupeau d'isards), ça redescend dans une jolie vallée (quelques hésitations dues à des incohérences topo/signalisation), on lâche les itinéraires balisés après la cabane de Jan et je finis par prendre une pente entière de front (il y avait sans doute moyen de faire plus facile...). Passage d'un col, et je redescends vers Incles par du hors sentier bien raide, puis je suis sentier qui me fait faire un énorme détour. On remonte depuis Incles, un joli plat et des lacs interrompent la pente ça et là, et ensuite on continue en crête (jolies vues) un petit bout. J'aperçois enfin le Pas de la Casa en contre bas, et me dis que ça va être désagréable d'y passer. Descente raide hors sentier pour y aller, et je rentre dans la gorge du loup. On peut rester les rues (du haut j'avais l'impression de grands centre commerciaux fermés qui étaient en fait des parkings), l'expérience est moins affreuse qu'attendu. Je ravitaille, et puis ensuite je cherche un gros pot de glace à me faire sur place, pour finir par tomber sur un plat du jour pas trop cher. Je m'arrête un moment, et puis repars. Un peu plus loin, je me rends compte que j'ai oublié mes jumelles dans les toilettes (où je les avais emmenées pour ne pas les laisser sur la table). Je retourne promptement au restaurant, mais les jumelles ont été embarquées par la première personne qui est passé, qui a bien sûr disparu. Grosse déception (une paire de jumelles Leica achetées six mois avant en pensant qu'elles me feraient 30 ans...), et je maudis cette mentalité qui fait que quand on trouve quelque chose quelque part, on le prend plutôt que de le donner au patron de l'endroit auprès duquel le malheureux qui a oublié l'objet pourra les retrouver. Mais a posteriori, le Pas de la Casa est vraiment un site de rapaces... Je repars, pour rentrer dans le brouillard et conforter encore plus mon humeur sombre. Je continue comme ça plus ou moins à flanc jusqu'au col de Puymorens. Je m'arrête à l'étape normale pour demander de l'eau, y retrouve Alexis, et repars peu de temps après. Une petite heure de marche pour arriver à une cabane au sol en béton, et en plus on sort du brouillard. Peu avant, une centaine de vautours sont en train de dépouiller une carcasse de cheval sur le chemin, envol impressionnant et regrets de ne plus avoir les jumelles autour du cou... Je m'arrête à la cabane après ce qui sera probablement ma plus grosse journée (11h de marche effective), et aussi la plus noire... L'humeur ne durera heureusement pas très longtemps
Départ au petit matin
Un bon paquet d'isards, je n'en ai pas souvent vu autant d'un coup
Des chevaux, encore...
Dernier col avant de descendre sur Incles
Jolies montagnes
Dernières crêtes avant de descendre vers le Pas de la Casa
Un peu bizarre au milieu de son contexte...
Vautours en envol
J25: Alexis arrive quand je suis prêt à partir. On fait un bout de chemin ensemble, quelques belles forêts de pins à crochets et jolies vallées. Ensuite il part devant, je continue tranquillement jusqu'au pied du Carlit. Montée assez impressionnante d'en bas, mais en poussant un peu, je suis rapidement en haut, où une vue magnifique m'attend, sur les Pyrénées en arrière et sur des lacs devant. Je discute avec une paire de promeneurs un moment et on entame la resdescente. Je retrouve Alexis pour le pique nique, et on continue jusqu'aux Bouillouses, des jolis lacs et de la belle nature, et puis beaucoup beaucoup de touristes. Ensuite, je repars seul, quelques lacs et de la forêt, beaucoup sur piste en légère descente, ce n'est pas très palpitant... Un peu de route pour arriver à Bolquère, je ravitaille et repars, pour dormir à la lisière d'un petit bois pas très loin d'Eyne.
Montée du Carlit, versant Ouest (c'est raide...)
Le sommet, vue sur l'Estats je crois
La dépression de Cerdagne, un fossé d'effondrement
Un des lacs autour des bouillouses
Traversée de la Cerdagne, c'était long et plat (mais joli)
Fin de journée
J26: Je repars sur Eyne, un dolmen sur le chemin, et puis un joli village à l'arrivée. Je retrouve Alexis à la sortie, et puis on fait la montée ensemble. La vallée est très belle, un beau bout de forêt au début, et des alpages ensuite. On arrive au col, de la brume commence à se montrer côté espagnol. Un bon bout sur les crêtes, avant de plonger pour une descente assez longue (et une petite remontée) dans le brouillard assez complet. Arrêt à Ulh de Ter, avec une bonne partie de l'après midi à passer tranquille. Un peu de pluie qu'on regarde depuis la fenêtre, et puis une nuit bien fraîche et venteuse.
Eyne
En haut de la vallée d'Eyne
Belles vues depuis les crêtes, avant de replonger dans le brouillard (qui pour une fois était versant espagnol)
J27: Petite descente pour partir du refuge, et beaucoup de vent. En bas, j'enfile mes gants. 10 minutes après, je m'arrête encore pour enfiler le coupe vent. Montée rapide pour arriver sur des sortes de plateaux. Ca me rappelle la Terre de Feu entre ce vent, cette végétation rase et le froid. C'est très beau, et malgré la lutte thermique et physique pour avancer, j'en profite bien. Une pause à l'abris du vent pendant qu'une quarantaine de chamois s'en vont tranquillement. Ca continue à la limite des crêtes et au bien nommé col du vent, mes cartes se font arracher de ma poche. Je continue un moment, pour faire une pause au début de la descente qui mène au Mariailles, devant une vue splendide. Descente tranquille, je descends inutilement jusqu'au refuge pour prendre de l'eau (il y en a 300m après l'embranchement du chemin). Ensuite, ça monte jusqu'au plat de Cady, c'est joli mais il y a beaucoup de monde. Je retrouve Alexis pour le bivouac, et on se couche très tôt.
Départ d'Ull de Ter
Des plats pelés et du vent, c'était magnifique...
On retrouve un peu de relief
Bientôt le Canigou
J28: Lever à 4h20, on replie dans le froid et le vent. Apparemment on n'est pas les seuls à vouloir être au sommet pour le lever de soleil, un groupe passe à côté de nous pendant qu'on démonte. Je pars pour ne pas me frigorifier en attendant Alexis, et montée à la frontale dans la caillasse. Les lueurs de l'aube sont présentes quand j'arrive aux crêtes, et un peu plus loin commence la cheminée qui mène au sommet, où j'arrive à 6h. Trois Espagnols sont là, ils ont passé la nuit en haut (qui a du être bien froide, 2 degrés et un vent permanent...). Très joli lever de soleil, on voit bien loin, y compris des incendies en contre bas, côté espagnol... Je tente de me faire un thé, mais entre la température et le vent, mon réchaud à alcool ne mène pas bien loin et je finis par abandonner. Ensuite, une descente qui mène assez rapidement au refuge des Cortalets. A partir de là, un bon moment sur les balcons du Canigou (très belles vues, mais il faut regarder où on va aussi...), qui finissent par une bonne montée pour le col de la Cirère. Je pique nique un peu plus loin et vois de la fumée qui vient des incendies juste derrière les crêtes où je suis censé passé le lendemain, et me pose des questions sur la faisabilité. Ensuite, je redescends à la tour de la Batère, où je retrouve Alexis, on fera un bon bout de la descente jusqu'à Amélie les Bains ensemble. Apparemment ces incendies sont aux nouvelles nationales, pas de bon augure pour la suite... Descente qui est longue mais qui se fait bien, on arrive dans les chênes verts et on entend les cigales, la Méditerranée n'est pas loin. Arrivé, je passe à l'office de tourisme où on me dit que le sentier ne sera pas ouvert le lendemain, il faudra passer par la route pour rejoindre la mer (en fait Alexis est passé). OK, je vais pousser jusqu'où je peux le soir même, éviter les foules de voitures et la chaleur (on m'annonce 40km, j'en ai déjà fait 35...). Une grosse pause et on bon goûter plus tard, je pars tandis que la vallée s'enfume et que les pompiers s'affolent. Un bout sur une vieille voie ferrée, et je passe à , puis où une paire de vieux me remplissent mes bouteilles. Il fait nuit, je continue. Traversée de l'autoroute, un moment le long de quatre voies (content de ne pas passer de jour), et je finis par trouver une piste cyclable allant jusqu'à Argeles sur mer. Peu après, je vois un panneau donnant encore 16km, ce qui me donne la foi que ça sera jouable dans la nuit. Une grosse pause, je mange beaucoup et bois une red bull (pour tester, mais ça ne vaut pas grand chose) et repars. Peu après, une bande au sol m'indiquant 18km, ça doit être la distance jusqu'à la mer me dis-je. Le reste de la marche sera rythmé par ces indications kilométriques (une tous les kilomètres) et mes pauses toutes les heures environ (il faut du sucre, beaucoup de sucre, même les amandes n'aident pas vraiment à reprendre l'énergie qu'il me faut). C'est assez fou de marcher de nuit comme ça, on perd la notion de temps, de distance et seul l'espoir d'arriver au bout nous maintient en marche. A trois kilomètres du bout (mais à l'entrée d'Argeles), le sentier commence à zigue zaguer, et je comprends que ces imbéciles ont posé le kilomètre zéro à Argeles et non pas à la mer. Je les maudis et continue mon chemin. Ensuite, une entrée dans des centres commerciaux où la signalisation semble être du luxe, je pars vers le centre vraiment dépité. Il est 4h30, le monde commence à bouger et je demande les directions pour la plage à quelqu'un qui sort de chez lui. Il me souhaite bon courage, je ne comprendrai qu'après 45 minutes de marche pour atteindre la dite plage. 5h20, je suis enfin à la Méditerranée, complètement exténué devant un monde qui se met en marche (d'abord tous les gens qui nettoient la plage et les restaurants). Un plouf dans la mer. Argelès ce n'est pas Bagnuls, et j'aurais vu une arrivée un peu plus scénique, mais c'est quand même bon de se dire que j'ai rejoint l'Atlantique à la Méditerranée sans monter dans un véhicule... Ensuite, j'attends le lever de soleil, qui traine un peu (quelques nuages), et j'en profite surtout après ce qui l'a séparé du précédent, au sommet du Canigou. Je repars, lessivé pour la gare d'Argelès (un peu loin), et tombe juste après la plage sur des arrêts de bus à un euro pour Perpignan. Ca tombe d'autant mieux que le bus arrive trois minutes après. Je monte dedans, trop plein d'endorphines pour pouvoir dormir, et endolori partout, commençant à réaliser ce que je viens d'effectuer (c'est quand même bon de parcourir autant et de se pousser autant pour arriver au bout). Le bus me pose à la gare, où j'attends une demi heure pour un train pour Montpellier. Je dors une heure, suis réveillé par le contrôleur et ne me rendors pas avant l'arrivée (et d'ailleurs pas avant la fin de l'après midi, pour plus de 13h d'un coup...). Un tram pour rentrer chez moi (une première!), et j'arrive enfin, mal au pieds, aux articulations, à l'entre jambe (où mes cuisses se sont frottées), fatigué physiquement et mentalement, mais ravi du mois d'aventures que je finis...
Lever de soleil au sommet du Canigou
Après un bon bout de descente, vue vers la cime
Sentiers en balcon sur la Méditerranée, on y sera bientôt...
On descend encore, les influences montagnardes disparaissent
Fumée qui vient d'Espagne, je me rends compte que ça risque de ne pas passer...
Amélie les Bains
Fin de journée, l'air est opaque de fumée
Coucher de soleil sur le Canigou, rougi par la fumée
Les pompiers sur le qui vive
La piste cyclable et le décompte des kilomètres (malheureusement pas jusqu'à la plage, maudits soient ceux qui ont cru prendre bon la ville d'Argeles comme point de départ...)
Une chouette chevêche croisée tard dans la nuit
Lever de soleil sur la Méditerranée, ça y est, c'est la fin de l'aventure...