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31 décembre 2018 1 31 /12 /décembre /2018 11:14

On arrive enfin à partir après 6 jours en standby et alors qu'Anne commence à peine à se remettre. L'objectif initial était de rejoindre Hemis à Korzok au bord du lac Tso Moriri, qu'on comptait faire en dix jours environ (les agences de voyage le vendent en 12 étapes, avec une progression permanente entre 4000 et 5400 d'altitude). On économise une étape grâce à un taxi qui nous dépose à Chokdo, un hameau à 3900 m au bout de la piste carossable. On marche un bon moment dans une vallée aux strates verticales. On est à contresens de la dernière étape du trek de la vallée de la Markha, le classique du coin, et on croise énormément de caravannes de chevaux porteurs et de touristes sur la première moitié de la journée. À la sortie de la vallée, on trouve un bon spot de bivouac mais il est encore tôt. On pousse encore 500m de dénivelée jusqu'au col, à 5260m. De vertes pelouses accueillent des barrals (sortes de mouflons) et une multitude de marmottes et de pikas qui nous accompagneront pendant toute ce trek. Au col, la vue est magnifique sur le Kang Yatze au Sud et sur les montagnes au Nord. De là, une descente rapide nous emmène à Nyimaling où on passe la nuit proche d'un camp de tentes. On mange bien à la tente restaurant et on y achète quelques paquets de biscuits et barres de chocolats, un moyen d'économiser à peine de poids pour notre première étape.

La vallée de l'Indus, sur la route entre Leh et Hemis.

 Chokdo, notre départ au bout de la piste.

 

 

Une sorte de rhubarbe qu'il y avait un peu partout pendant cette balade.

 

Progression dans cette vallée escarpée (c'est normalement le bout du trek de la Markha)

 La fin de la vallée, on aurait pu faire un bivouac au début de la montée qu'on voit derrière à droite. On a continué.

Vue vers la vallée de l'Indus (au Nord) depuis le Col

Le Kang Yatze

Un pika, on en verra des centaines pendant cette balade

Arrivée à Nyimaling

Ambiance de soirée à Nyimaling, l'endroit est assez fabuleux!

Notre deuxième jour sera assez direct. Montée au dessus du camp, passage dans une dépression où se trouve le camp de base du Kang Yatze puis une longue traversée jusqu'à un col évident (5200m environ) qui nous amène dans une profonde vallée. À partir de là et pour plusieurs jours, nous évoluerons dans un magnifique paysage de montagnes d'or et d'argent. Une longue traversée nous ramène au fond de la vallée. On marche le long de la rivière jusqu'à être bloqués. Un affluent arrive des glaciers au dessus, et la chaleur de la journée l'a gonflé jusqu'à devenir infranchissable. Il est 15h, on trouve un ancien campement nomade où faire notre bivouac et on laisse le temps passer jusqu'à la nuit.

Le camp à Nyimaling

Le Kang Yatze, la tête dans les nuages, vu depuis la crête au dessus de Nyimaling

Une petite hermine qui se déplaçait en famille. Elles étaient curieuses et venaient jusqu'à nos pieds. Les alpinistes du camp de base du Kang Yatze n'y étaient sans doute pas étrangers.

La vallée de la Markha

Un col après le camp de base

Troupeau de barrals

La vallée dans laquelle on plonge, et qu'on remontera jusqu'au bout.

Bivouac forcé à cause d'un torrent infranchissable pendant l'après midi.

On part tôt pour être sûrs de pouvoir traverser. Le torrent de la veille n'est plus qu'un petit filet d'eau que nous traversons à pied sec. On en profite pour traverser aussi la rivière, dont on remonte la vallée jusqu'au bout. Un dernier embranchement nous mène à un col. On y trouve un panorama dément, et on y reste le temps de rencontrer un couple d'anglais avec un guide, un horseman, un cuisinier et leurs cinq chevaux (la base pour des touristes qui passent par des agences de trekking). Descente rapide, puis progression longue dans une vallée. Il fait très chaud. Notre livre nous recommande d'aller à la confluence du ruisseau avec un autre. On y trouve une saulaie sympathique au milieux de montagnes acérées. En revanche, il y a sous le sable des cailloux partout et c'est impossible de planter... sauf dans une zone garnie d'une herbe piquante, ce qui est emmerdant avec nos matelas gonflables. On finira par dormir dans un minuscule enclos à mouton bien "fumé" faute de mieux.

Au petit matin, on a passé le torrent à sec...

Progression tranquille au fond de la vallée jusqu'au col.

Vue panoramique au col. Avec ces paysages d'or et d'argent, c'est l'une des plus splendides qu'on aie eues!

 

Progression dans la vallée suivante

Un village de nomades, abandonné à cette saison. On continue vers les pics acérés en face

 Un pont qui surplombe un petit canyon dans lequel s'engouffre un torrent.

Spot de bivouac idyllique a priori, mais finalement pas pratique.

La journée est courte: on a trop fait le jour précédent et on n'est pas sûrs de trouver de l'eau pour le bivouac si on va trop loin (on a finalement croisé un ruisseau après une heure de marche le lendemain). Ca continue un moment dans la saulaie, puis on passe un canyon abrupte magnifique. On progresse ensuite sur un fond de vallée plat et chaud. On est un peu au dessus de 4000m, mais le soleil est de plomb et on cherche la moindre ombre créée par un mur d'habitation nomade pour la pause de midi. On passe l'après midi tranquille là où l'eau émerge des rochers, 2km environ au dessus du village de Dad. Un moine nous rend visite le soir. On savait par notre guide de trekking pourquoi il était là, et on avait tenté, en vain de l'éviter. On est sur le territoire du monastère de Hemis il faut qu'on paye pour le camping cette nuit, celle d'avant, ainsi que les deux suivantes. On négocie un peu et on s'en tire pour autour de 10 euros pour 4 nuits, on n'en fera finalement que 3.

Une marmotte bien grasse dans la saulaie.

 Des orobanches qui devaient parasiter les saules.

 

L'entrée du canyon du Kharnak, impressionnant !

Quelques ancolies au fond du canyon

Il y avait même quelques poissons dans la rivière. Rien de gros, mais à 4200m d'altitude c'est toujours sympa!

La steppe entre les montagnes.

Des barrals dans leur élément.

Des prières gravées sur un mur à manis.

Le village de Dad. Déserté à cette saison hormis un jeune moine. Tunique bordeaux en haut, jogging et nike air max en bas.

Un peu au dessus de notre spot de bivouac, Dad au fond.

Ambiance de fin de journée.

On prend la piste qui dessert le village sur une quinzaine de kilomètres à peu près plats. On croise nos premiers kiangs (des ânes sauvages). Ici, on le cours d'eau est à sec. Je me débarrasse du reste de mon eau (mal au dos) en arrivant au pied du col que nous devons passer. Nos infos nous disent qu'une source y coule toujours. Grossière erreur, il n'y aura rien. On descend avec la piste plutôt que de suivre le sentier direct pour essayer désespérément de trouver un ruisseau pas sec. Finalement rien, mais on trouve un bon ruisseau qui coule au fond de la vallée. On mange et on fait le bivouac un peu plus loin, à la confluence de deux ruisseaux.

Progression dans une longue vallée plate (et sèche!)

Des kiangs, ânes sauvages. Sympa à voir, encore plus improbable à écouter (à peu près le bruit d'un moteur qui ferait sauter rythmiquement les ressorts d'un matelas)

 

 

La fin du plat, on va arriver à un col.

Montée et arrivée au col.

 

Un pika qui a voulu chiper la nourriture dans notre tente.

Bivouac confortable.

On passe un village abandonné pour la saison et on quitte rapidement la piste pour un sentier qui traverse la vallée peu près à flanc. On domine la vallée et c'est très joli. On arrive après une quinzaine de kilomètres au village de Yagang. On ne s'y arrête pas, et on passe en rive gauche de la rivière bleue qui coule ici. Ce n'est pas l'itinéraire normal, mais on voit déjà au loin des dizaines (des centaines?) de camions militaires qui sillonnent la grande vallée. Les paysages sont immenses, et on a l'impression d'avancer lentement. Un orage nous rattrape deux heures plus tard, on plante l'abri. Ca ne dure pas, et on en a marre du bruit des moteurs. On décide de continuer. Après une heure et demie de marche dans une poussière épaisse générée par le passage des camions, on arrive à la route qui relie Leh à Manali. Il y a pas mal de boutiques à cet endroit, on y prend un thé et quelques biscuits et on repart. Ensuite, on fait des kilomètres à côté de la route, on rejoint l'embranchement qui la relie au lac Tso Kar. On marche quelques kilomètres sur bitume puis on traverse une plaine désertique pour enfin rejoindre un vaste camp de tentes avec beaucoup de monde. Le vent est fort, ça pèle! On finit par trouver la personne qui gère le camp et on va voir pour poser l'abri. Il y a des guides indiens avec lui, qui emmènent des touristes à vélo sur la route Leh/Manali. Ils négocient pour nous une tente parachute pour presque rien et nous proposent de venir manger avec leur groupe. On mange très bien (les tours organisés ont toujours 4 ou 5 plats cuisinés, avec beaucoup plus en quantité que nécessaire) et on assiste à une improbable improvisation chant (rythmé par des bidons) avec animation danse menée par un local saoul. On rit beaucoup, et on va se coucher.

Un autre village nomade désert pour la saison.

La grande vallée au dessus de laquelle on progresse.

 

Des rochers érodés par le vent et le sable.

La rivière qui coule à côté de Patchatang

 Une longue plaine à traverser.

Le temps se gâte, on arrivera presque à passer entre les gouttes.

 Les bergers rentrent les troupeaux pour éviter l'orage. On plante l'abris, et puis on repart. Il est tôt, et puis les militaire à côté nous tapent sur le système.

Progression désagréable dans une épaisse (au moins 5cm) couche de poussière générée par les véhicules militaires. Coincé qu'il est entre l'Inde et la Chine, le Ladakh est une zone sur militarisée (avec les deux pays limitrophes, c'est la zone la plus militarisée du monde). En contrepartie, les militaires ont développé des infrastructures et ont permis à la région d'être un peu moins à l'abandon.

La végétation qui pousse au milieu de quelques petites dunes pas loin du Tso Kar.

On dit au revoir au groupe et on part vers le lac. On le découvre, c'est un endroit assez magique avec ses croûtes de sel au bord et la réflexion intense des montagnes autour. On continue sur une piste à travers une plaine désertique. Le sale temps, suspendu depuis le matin, nous rattrape. On passe un village désert pour la saison, où une maison communautaire est ouverte à nous et pas trop au vent. On y prend abri le temps de manger. La pluie se calme, on repart. On choisit de suivre la rivière plutôt que de passer un col au dessus du village. L'itinéraire est en fait beaucoup plus long, avec un ou deux passages assez exposés. La pluie revient, bien froide. On tient une heure et on jette l'éponge. Repli dans l'abri, où l'on étale les affaires pour qu'elles "sèchent". On est à 4800m, sur une pelouse plutôt humide en bordure de rivière, ça n'aide pas à se réchauffer, ni à reprendre le moral.

Ambiance matinale au camp.

 L'approche du lac, on verra énormément d'oiseaux différents dans le coin.

 

Jeux de sel et de réflexion au Tso Kar. Le lac est saturé en sel, ce qui dépose ces grosses croûtes blanches.  La vie arrive quand même à s'y développer, avec notamment quelques crustacés et des sortes nématodes!

Détails bord du lac.

En route vers les montagnes (et le sale temps)!

Notre refuge le temps du repas. Il n'y a aucun autre moyen de se mettre à l'abri, on était bien contents de pouvoir y rentrer!

Fin de marche sous la pluie.

On se lève, les affaires sont encore bien humides. Le ciel finit par se dégager, la neige n'est que quelques centaines de mètres plus haut. On marche une bonne heure avant d'arriver à un camp de tentes occupé par des nomades qui sortent leurs chèvres pashmina. On observe de loin ce manège que j'ai bien connu dans d'autres pays bien et que j'apprécie beaucoup. On voit de nombreuses personnes qui partent vers le col qu'on vise. En fait, il y aura 14 touristes en deux groupes (dont certains qu'on avait croisés à la guest house de Leh) + 13 accompagnateurs + une vingtaine de chevaux. Depuis notre départ à Chokdo, on a croisé du monde quasiment tous les jours mais jamais une telle foule! Les locaux mettent un point d'honneur à nous doubler dans la montée (mais ça les épuise suffisament pour qu'ils fassent une pause deux cent mètres après nous avoir passés), sortent les téléphones pour mettre de la musique... C'est assez désagréable. On finit par faire notre pause midi pour laisser passer tout ce monde et faire sécher nos affaires. Un autre col et une descente plus loin, on est au spot de bivouac dans une vallée plate où l'on se pose bien loin des tentes déjà montées.

Le ciel s'est dégagé dans la nuit, la neige n'est pas loin...

Des yaks à l'approche du camp nomade.

 

Sortie des troupeaux de chèvres au niveau du camp. On profite un peu pour observer, on passera malheureusement trop peu de temps avec les gens pendant ce voyage.

Vue depuis le col au dessus. On voit le camp de bergers dans la vallée et le Tso Kar au fond à droite.

Les montagnes qui dominent le lac Tso Moriri.

Le deuxième col de la journée (un peu plus de 5300m) est en clair, à droite.

La montée

Ce matin, on compte monter sur la bosse qui domine la vallée, le Yalung niau qui dépasse tout juste 6000m. On part avant 7h, et après avoir passé la vallée plate, on monte vers un col puis tout droit dans un petit vallon vers le sommet. Le temps se gâte dès 9h30, avec des cumulo nimbus qui s'accumulent. On est montés à 5600m, on laisse tomber. On reprend le sentier jusqu'au col. La vue sur le lac Tso Moriri est magnifique. On descend vite dans un immense "glacier" de boue. Une plaine désertique et une vallée plus loin, nous voici à Korzok, au bout de notre périple. Les touristes s'arrêtent aux camps de tentes à l'entrée. On hésite parmi les nombreuses guest house. La seule qui a l'air propre est complète. On se rabat sur l'hôtel. On vient de marcher 9 jours, on se prend un repos bien mérité... 

Depuis notre spot de bivouac, au matin. La nuit à 5200m ne s'est pas trop mal passée, on avait à peine peur mais on était finalement bien acclimatés.

Le temps s'est couvert trop rapidement, on a jeté l'éponge.

De la végétation est toujours présente à 5600m!

L'approche du col

Le lac Tso Moriri!

Sorte de coulée de boue crevassée qui semble progresser comme un glacier.

Dernière "ligne droite", qui nous a pris un bon moment tout de même...

 

Les yaks à l'approche du village.

La vue sur le lac Tso Moriri depuis notre hôtel

 

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