Il reste un jour avant le bus qui repart pour Leh. On en profite pour découvrir les alentours. Korzok, c'est un village situé sur le flanc d'une colline qui domine le lac Tso Moriri. Le lac est situé vers 4500m d'altitude. Il est rempli d'une eau bleue, translucide qui reflète les grosses montagnes tout autour. Une promenade nous permet de s'y baigner (on se cache, c'est interdit) et surtout de le contempler sans s'en lasser. Quelques champs le séparent du village austère. S'y empilent quelques dizaines de maisons en pierre au milieu de rues sales et de quelques camps de tentes qui visiblement peinent à se remplir. Un monastère bouddhiste domine le tout. Ici, les gens s'affairent et nous ignorent. Une impression pas désagréable d'être transparent, on se pose dans un coin et on observe l'activité. On ne sait pas bien si on est dans un village fabuleux issu tout droit d'un roman de Garcia-Marquez ou dans un asile de fous.
Les gens sont encore affublés de tenues traditionnelles, avec toujours un ou deux vêtements qui manifestent l'arrivée de la mondialisation. Ici un chapeau de cowboy en plastique à carreaux, là une vieille avec des lunettes de soleil tape à l'oeil. La principale activité consiste à tourner en rond aux alentours du monastère. Jeunes et vieux bigots, hommes et femmes, égrainent leurs chapelets et font tourner leurs roues à prières. Les gamins courent, crient et on entend régulièrement les couinements de la chaussure couinante d'une gamine (sa paire, visiblement morte, restait muette). La journée est rythmée par les émanations sonores provenant du monastère. Des baffles diffusent les prières, entrecoupées de cymbales et de trompettes. On ne sait pas trop si c'est l'apocalypse qui arrive... Ce côté complètement décalé, ainsi que la vue sur le lac, rend l'endroit délicieux. On s'en délecte abondamment et on ne regrette pas du tout d'avoir eu un jour à y passer!
Des femmes qui faisaient la tsampa (farine d'orge toréfiée) sous nos fenêtres.