Voici quelques infos générales concernant notre périple au Kyrghizistan. En espérant qu'elles pourront être utiles...
Conditions
Au niveau des conditions de rando, les chemins sont en général faciles à trouver, mais il faut aussi s'habituer à suivre les vallées et à traverser les rivières si ça paraît nécessaire. On est tombés une année très humide: la pluie la plupart des jours. On n'a vu qu'un gros orage, un soir où on était en guest house à Altyn Arashan. Il pleuvait souvent la nuit, et certains jours momentanément ou toute la journée. Les températures correspondent à peu près à ce qu'on peut avoir 1000m plus bas dans les Alpes (la ligne maximale des arbres se situe autour de 3000m plutôt que vers 2000m). Par conséquent, on a eu beaucoup de boue, et régulièrement a traversé d'immenses étendues gorgées d'eau, à marcher lentement de motte en motte et régulièrement à se mouiller les pieds. L'avantage est qu'on n'a jamais fait très froid, même quand on a fait une nuit de bivouac vers 3700m. Dans l'Alaï, c'était plus sec sur la partie Sud de la vallée, mais il pleuvait visiblement tous les jours sur la partie Nord.
Itinéraires:
Dans le Tien Shan, on a commencé avec une mise en jambe avec l'itinéraire classique d'Altyn Arashan à Jeti Oguz. Il est faisable en 4 jours sans trop de problème, moins ou plus selon les marcheurs. C'est facile d'arriver en départ par les transports en commun (mini bus à la gare routière de Bishkek pour arriver à Karakol et Marshroutka de Karakol au départ de la rando). Attention à bien se faire déposer à la confluence des deux torrents, et à n'en traverser aucun (on suit une piste en rive gauche du torrent qui est à gauche dans le sens de la descente).
Le deuxième itinéraire était plus ambitieux et est absolument magnifique. On n'y a en plus croisé que des nomades! On s'est inspirés d'un itinéraire trouvé sur une agence connue de trekking. C'est possible de l'enchainer avec la première partie de la rando en partant depuis Jeti Oguz, mais ça rajoute un ou deux gros cols, et puis c'est compliqué pour trouver du ravitaillement (obligé de redescendre à Karakol, et il n'y a pas d'hébergement à Kyzyl Suu). On est partis avec 9 jours de nourriture pour finalement marcher une semaine en faisant du stop sur les 15 derniers kilomètres jusqu'à Eki Naryn. C'est un peu engagé (pas de réseau, pas de routes), mais il y a trois réchappes possibles vers le Nord, moyennant 30 ou 40 kilomètres à chaque fois.
Pour arriver au départ, on a dû prendre une marshrutka jusqu'à Saruu et ensuite un taxi (qui a bien profité de la situation). C'est possible de marcher (10-15km de piste). On nous avait dit d'aller aux sources chaudes, mais ce n'est en fait pas la bonne direction. Il faut prendre à droite à la patte d'oie (pourquoi pas commencer à marcher là, la piste continue encore 30 kilomètres mais n'est pas très parcourue). Ensuite, l'itinéraire est logique: une grande vallée et un col jusqu'à la route de Barskaun. De là, on remonte dans une vallée qui part vers la droite du dernier lacet. Après un plateau, on descend une autre vallée (bien longue) jusqu'à Djilu Suu. On nous avait dit qu'il y a là des yourtes à touristes. On n'en a pas vu. En montant au dessus, quelques zigzags permettent d'éviter les pistes et de rester en montagne jusqu'au Jakbolot pass.
Dans l'Alaï, c'est plus compliqué de faire des choses longues parce que qu'il n'y a pas de longue vallée directement dans les montagnes.Une boucle est possible au Nord par les cols Kojo Kelen et Sary Mogol. Elle est censée être très belle et prendrait une semaine environ. Au Sud, les montagnes forment une sacrée barrière et pas grand chose est envisageable en dehors de la vallée sans être équipé pour la glace. Attention aux permis frontaliers.
Matériel:
Portage
Sacs: KS alpisac. 7kg à la base pour moi (dont un kilo d'affaires de pêche), autour de 14-15kg tout chargé. On est à la limite de ce que le sac peut porter, les bretelles sont rentrées toutes tassées (passage en garantie chez Kinpu San ultra efficace!)
Osprey Talon 40 pour Anne. RAS, le sac est très bien.
Avoir chaud
Tente Vaude Taurus. C'était plus confort thermiquement qu'un tarp, mais les dimensions sont très limites pour quelqu'un d'un mètre 90.
Sac de couchage: Valandré Mirage pour les deux. C'était largement suffisant parce qu'on n'a eu que deux ou trois nuits de gel.
Matelas autogonflants: mieux que de la mousse pas chère, mais pas indispensables.
Une polaire + une doudoune légère chacun + veste de pluie. On aurait pu faire avec une doudoune seulement.
Pour les femmes, prévoir des pantalons pour le Sud du pays, plus conservateur. Pas de soucis pour les shorts ou les manches courtes ailleurs.
Pour les pieds
Prévoir des chaussures hautes de préférence. Les chaussures basses sont difficilement envisageables au vu des conditions très humides qu'on a eues (sauf éventuellement entre Altyn Arashan et Jeti Oguz).
On avait aussi des très utiles pour les passages à gué (un ou plusieurs par jour).
Sécurité:
On a pu trouver des cartes au 100 000e et au 200 000e dans la boutique de Bishkek pour la partie au Sud d'Issik Kol et pour l'Alaï. Ca a été suffisant, il faut juste apprendre à gérer la faible résolution. Les cartes sont en général justes (sauf sur l'emplacement d'une rivière dans l'Alaï), mais la résolution est au mieux au 100 000e. La marche se faisant dans de longues vallées peu pentues, il faut s'habituer à combiner distance et dénivelée progressives et donc à une allure qui parait très lente. Les jumelles sont un plus, elles permettent un repérage bien en amont et aident parfois à se repérer sur la carte.
Il n'y a pas de réseau en montagne, ce n'est pas possible de compter sur un téléphone autre que satellite pour appeler des secours éventuels.
GPS: on n'en avait que sur le téléphone, qui restait éteint tout le temps.
Eau: en dehors du parc autour de Karakol, il y a des animaux partout et jusqu'à 4000 mètres d'altitude. On a fini par mettre systématiquement des pastilles après que je sois légèrement malade. Anne a fini bien mal le séjour malgré toutes les précautions.
Achats sur place
Pas de problème pour acheter du gaz et du matériel à Red Fox à Bishkek, et ce n'est pas forcément cher.
On a acheté toute la nourriture sur place. Les bazars vendent de tout: pâtes (chinoises ou pas), fruits secs, pain (une boulangerie dans le centre de Karakol vendait même de très bonnes biscottes), biscuits. On a amélioré ça avec du fromage et du poisson en conserve et du chocolat trouvés dans des supermarchés (nombreux à Bishkek ou Osh, un seul dans le centre de Karakol).
Transports
Ne pas trop compter sur l'anglais des autochtones. Même les filles qui vendent des cartes SIM à l'aéroport ne le parlent pas. Du coup, c'était un peu difficile de rentrer dans la culture. C'est décevant de ne pas avoir pu communiquer plus, mais on avait été prévenus... Moi qui avais été en Mongolie et en Russie, j'étais confiant. Finalement, c'était bien pire que j'avais prévu!
Les marshrutka fonctionnent bien pour des petites et moyennes distances (Bishkek-Karakol, Kazarman-Osh...). On a pu rejoindre Naryn à Kazarman puis à Jalalabad en une journée sans problème avec voitures privées pour 4000 + 4500 soms (4 places). Il serait possible de trouver un taxi qui le fait directement pour à peu près le même prix, avec moins d'aléas à Kazarman.
Transport pour Sary Mogol: sous le pont à côté du bazar à Osh. 250 soms (on s'est fait arnaquer à 400)
Voiture pour base camp: 3000 soms, moins cher que normalement du fait du festival.
Les routes sont le seul danger humain qu'on aie détecté au Kyrghizistan: les chauffeurs/ards conduisent vraiment n'importe comment!
Pêche
L'été n'est pas le bon moment, sauf à viser des rivières qui ne sont pas alimentées par des glaciers (tout ce qui est alimenté par des rivières en versant Nord de montagnes de 4000m et plus est à proscrire). Il y a des truites farios autochtones (Salmo trutta oxianus) seulement dans l'Alai où elles sont à leur limite orientale (et peut être aussi altitudinale). Elles ont été introduites ailleurs dans le pays. Présence de truite du lac Sevan de très grosse taille au niveau du lac Issik Kul. Quelques belles rivières semblaient pêchables entre Osh et Bishkek, mais on n'avait pas le temps de s'arrêter.